Il se trouve toutefois, comme on l’a toutes et tous découvert ces dernières semaines, que le sport n’est pas en manque dans cette affaire. Les victoires contre la Belgique, le Canada et l’Espagne, avec, à la clé, une qualification historique pour les quarts de finale de la Coupe du monde de football, ont donné lieu à des scènes de liesse populaire et à une ferveur nationale comme le Maroc n’en a pas connu depuis peut-être des décennies. Une joie bien méritée par notre peuple, après deux années d’angoisse et de restrictions au cours de la pandémie du Covid-19.
Nous sommes devenus gentils et aimables les uns avec les autres, à tel point que sur la route hier soir à Casablanca, des automobilistes d’habitude égoïstes et aigris m’ont même cédé leur priorité. C'est vous dire l’intensité de l’alchimie qui s’opère actuellement.
Comme quoi, le Marocain a besoin de peu pour voir jaillir en lui un amour du prochain et les valeurs de la citoyenneté. Autrement dit, un bon Marocain est un Marocain heureux, contredisant ainsi les quelques tentatives d’essentialisation dont nous sommes des fois l’objet. Et cela est un très bon signe.
Pourvu que cela dure jusqu’à la finale et au-delà!
Mais il ne faut surtout pas commettre l’erreur de faire de ces victoires méritées une sorte d’anesthésiant ou de palliatif socio-économique, car la vraie question est de savoir comment passer d’un état ponctuel de solidarité et de passion commune à une situation où cette dynamique positive s’inscrirait dans la durée.
Contrairement à la musique, au sport, on peut perdre, avec toute la gueule de bois qui va avec. Dans ce cas, la catharsis disparaît par un brutal retour au réel. La tension qui s’en dégage peut même donner lieu à une exacerbation des revendications et des colères sociales. Surtout dans un contexte où l’inflation ne semble aucunement avoir pris de vacances à l’occasion de cette Coupe du monde.
De même, les Marocains sont désormais devenus plus exigeants, plus confiants en eux-mêmes et en leurs capacités. Et tant mieux, ai-je envie de dire.
Surtout que cette réussite sportive est également le fruit d’une sublime synergie et complémentarité entre Marocains locaux et Marocains résidant à l’étranger.
Tâchons donc d’en faire bon usage en gardant en tête, lors de l’élaboration des différentes réformes et politiques publiques, le bien-être et le bonheur des Marocains. Qu’il s’agisse d’une politique urbaine, sociale, culturelle ou économique, cela se devra d’être l’Alpha et l’Oméga de toute action politique.
Les Marocains le méritent amplement.
Car ce que nous enseignent ces scènes de liesse et cette ferveur populaire suite aux récentes victoires, c’est que nous sommes prêts à nous donner corps et âme pour notre pays, dès lors que le leadership, l’efficacité et la fierté sont au rendez-vous. La médiocrité, les petits calculs boutiquiers et les intérêts individuels ne devraient plus être tolérés.
Tâchons donc de ne plus les décevoir, en rompant avec l’idée évoquée dans la phrase «à celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien» attribuée à Jean Jaurès, la remplaçant par «à celui qui a sa patrie, rien ne saurait lui manquer».