Parfois, une lettre de lecteur semble tellement pertinente qu’elle mérite de remplacer l’article que l’on était en train d’écrire au moment où elle – la lettre – a atterri dans notre boîte postale. En voici un exemple. C’est une lectrice rencontrée il y a quelques années à Bourges, elle et sa petite famille, et qui raconte la mésaventure qu’elle vient de vivre au pays de ses ancêtres :
« Je tiens à vous raconter un truc qui nous est arrivé le jour de notre départ du Maroc (de quoi nous ôter toute envie d’y retourner…). Nous avons loué une voiture du 6 au 19 février, période de notre séjour à Skhirat. Le 19 février, très tôt le matin, nous prenons la route en direction de l’aéroport de Rabat-Salé : notre avion part à 7h30. Nous roulons pendant quelque temps. Soudain, un gendarme surgit au milieu de la route et nous arrête. il contrôle nos papiers, nous demande où nous allons, etc., puis il nous pose une drôle de question : il nous demande la date du jour ! Sans hésiter, je réponds :- Nous sommes le 19 février. Pourquoi ?
Il nous apprend alors que la carte grise - renouvelable tous les mois, paraît-il, parce que c’est une voiture de location - a été renouvelée le 19 janvier. Elle aurait dû être renouvelée (selon lui) le 18 février, c’est-à-dire… hier ! Nous avons beau lui expliquer que nous sommes des touristes, que nous ne connaissons pas cette loi, que la voiture est louée à une société archiconnue (il le voit bien !), rien n’y fait : il nous annonce qu’il doit emporter la voiture à la fourrière, séance tenante ! Nous lui disons que nous avons un avion à prendre pour rentrer en France, que nous avons des enfants, dont un en bas âge (il le voit bien !), il se contente de secouer la tête : tout le monde doit descendre et la voiture doit aller à la fourrière…
En désespoir de cause, j’appelle la société de location, à l’aéroport. Je lui passe l’employé, ils discutent quelques minutes puis le gendarme me repasse l’employé qui me demande si j’ai cent dirhams. Je lui dis que non, puisqu’il est interdit de sortir la devise marocaine à l’étranger. Qu’à cela ne tienne, il demande si j’ai dix euros. Je regarde dans mon portefeuille. Non, je n’ai que vingt euros.
- Eh bien, donnez-lui vingt euros !
Je tends le billet au gendarme qui l’empoche et nous fait signe de partir. Je lui demande un justificatif - j’étais sérieuse, n’ayant pas encore pigé. il me rétorque :
- Voyez avec l’employé de l’agence, à l’aéroport.
C’est là que je comprends (mon mari avait saisi tout de suite mais n’avait pas voulu intervenir pour ne pas s’énerver – on aurait vraiment raté notre vol…). J’en ai eu les larmes aux yeux. Voici comme on me traite dans le pays où je suis née ! J’en ai pleuré jusqu’à l’aéroport… »
Qu’ajouter à cette lettre ?