Il y a des coïncidences qui n'en sont peut-être pas, qui sont plus que cela, qui signifient sans doute quelque chose. À nous de savoir y déceler un sens.
Une telle coïncidence figure en page 4 du journal Le Monde daté du weekend dernier. Il y a d'abord un long article sur le Venezuela où il vient de se passer quelque chose d'inouï: la Cour suprême a tout simplement dépouillé l'Assemblée nationale de toutes ses prérogatives. En d'autres termes, sept juges nommés par l'Exécutif se sont arrogé le pouvoir législatif à la place de cent soixante députés élus par le peuple. Tournez cette phrase dans tous les sens, elle est absurde. Sauf, apparemment, au Venezuela. Ce pays ubuesque s'était déjà signalé à l'attention des observateurs par sa gestion calamiteuse: assis sur de fabuleuses réserves de pétrole, son gouvernement est incapable de nourrir sa population, ni même de lui fournir les produits les plus banals, comme le papier-toilette, le dentifrice ou les pâtes.
Juste en dessous de cet article, et c'est là que la coïncidence est instructive, un autre est consacré à l'Afrique du Sud. On apprend en le lisant que le clan du Président Zuma (un individu tellement irresponsable qu'il avoue lui-même ne pas savoir combien il a d'enfants...) vient de monopoliser –ou de privatiser– le gouvernement en écartant tous les ministres qui ne font pas partie dudit clan. Le but de la manœuvre est de mettre la main sur le pays pour le piller entièrement à coups de projets bidons, mais très lucratifs pour les amis de Zuma.
Maintenant, vous vous demandez peut-être pourquoi je me préoccupe de ces deux lointaines contrées. La bonne question est: pourquoi ces deux pays se préoccupent-ils de moi? Je m'explique: en tant que citoyen marocain, je subis l'impact de la campagne que mènent le Venezuela et l'Afrique du Sud depuis des années contre le Maroc, le premier à l'ONU, le second à l'Union africaine aussi bien qu'à l'ONU. C'est à cause d'Etats faillis de cet acabit que la question du Sahara n'a pas encore été résolue. Ils continuent de la gratter comme un abcès purulent au lieu d'aider à sa résolution politique. Si encore c'était la Suisse ou Singapour... mais le Venezuela!... mais l'Afrique du Sud du bouffon Zuma!
On croit rêver. Qu'est-ce qui peut bien passer par la tête de leurs représentants à l'ONU lorsqu'ils prennent la parole pour nous chercher des noises? «Mon gouvernement est tellement incompétent que je dois envoyer de New York du papier-toilette à ma famille, mon Président est tellement corrompu qu'il veut construire des centrales nucléaires juste pour empocher des commissions sous la table, mais je vais donner des leçons au lointain Maroc dont, par ailleurs, je ne sais rien!»
On se prend à souhaiter une nouvelle réglementation à l'ONU: avant de prendre la parole pour salir un pays, messieurs les représentants sont priés de prouver qu'ils sont eux-mêmes propres... Avec ça, il ne nous resterait que peu d'adversaires.