En ce moment, le monde entier est obnubilé par la pandémie et par le feuilleton– qui s’annonce interminable– des élections américaines. Covid, Trump, le vaccin, Biden, la deuxième vague, Kamala Harris, le confinement… On n’est pas loin de l’overdose d’information; et on ne peut que regretter ce fameux jour, dans les années 30, où le bulletin radio de la BBC contint exactement trois mots: Today, no news.
Covid / Trump. Pendant ce temps, des guerres locales éclatent, avec leur cortège de tragédies, de deuils et d’exils, et on peine à les enregistrer dans son cerveau saturé. On voit à la télévision des canons tirer, des moustaches martiales brailler et menacer, des civils se terrer dans des quartiers en ruine… Qui tire, qui se tire, qui se terre? On ne sait plus. Des êtres humains, nos semblables, nos sœurs.
Ainsi l’Arménie et l’Azerbaïdjan viennent de s’affronter violemment à cause d’un différend territorial qui remonte à Mathusalem. Et la province du Tigré s’est soulevée contre le pouvoir central éthiopien –avec comme résultat tristement cocasse qu’un prix Nobel de la paix, le président Abiy Ahmed Ali, est en train de faire la guerre…
Qui a raison, qui a tort? A vrai dire, je n’en sais rien. Il faudrait se pencher sur les données du problème, dans les deux cas; et qui en a encore le temps? Autant prendre des raccourcis. Certains décrètent que les Azéris ont raison parce qu’ils leur ressemblent, d’autres crient “vive l’Arménie!“ parce qu’elle est chrétienne –c’est même, historiquement, le premier royaume chrétien.
Pour ma part, sans entrer dans les détails, je ne peux que constater que l’Éthiopie, qui reconnaît l'évanescente RASD, se contredit en refusant aux habitants du Tigré ce qu’elle accorde quand ce sont d’autres –nous, en l’occurrence– qui paient les pots cassés. Accordez vos violons, amis d’Addis.
Tout cela m’a rappelé les cours d’Histoire, au lycée, il y a des lustres. Nos professeurs nous expliquaient que la paix a souvent été imposée par des Empires à des nations belliqueuses, sur l’exemple de la pax romana. Rome apporta autrefois la paix à des centaines de peuples différents. Ce fut également le cas des empires perse, chinois et russe, de ceux des Abbassides, des Ottomans ou des Habsbourg, etc. Et depuis que l’Europe se construit, une guerre entre nations européennes est devenue impensable.
Les nations se font la guerre, les Empires les calment. Quand l’Arménie et l’Azerbaïdjan étaient deux des quinze Républiques soviétiques, il n’y eut jamais le moindre problème entre les deux peuples qui les constituaient. Sous le Négus, le Tigré restait tranquille dans sa cage.
Alors, nation ou Empire? il y a des pays qui ont la chance d’être les deux: les Chinois, les Iraniens et nous, par exemple. Une double raison d'être en paix. Qui veut faire partie de la nation, marhaba. Qui veut vivre sous l’ombrelle de l’Empire, ahlan wa sahlan.
Et tout le monde sera vacciné. Contre la guerre.