C’est une histoire à peine croyable que je vais vous narrer ici, gentes dames et amis lecteurs, mais je vous en garantis l’authenticité. C’était hier. Une grande Hollandaise –c’est presqu’un pléonasme, ce sont des géants, ces gens-là– me raconta, encore étonnée, ce qui lui était arrivé récemment.
Cela faisait des années qu’elle souffrait de troubles mystérieux: bourdonnements dans les oreilles, migraines, crampes dans le cou, plus d’autres maux moins directement physiques, telle qu’une impossibilité de se concentrer plus qu’une dizaine de minutes sur n’importe quel sujet et, pour couronner le tout, un sentiment récurrent d’angoisse.
Elle avait tout essayé, vu des dizaines de thérapeutes, du plus sérieux au charlatan le plus éhonté, avalé des pilules de toutes tailles et de toutes couleurs, subi des massages divers, du plus doux à celui qui ressemble à l’équarrissage d’une jument, on l’avait étirée dans tous les sens, comme le chewing gum d’une secrétaire de mouqata’a. Parfois, le traitement la soulageait quelque peu mais jamais pour très longtemps. Tous ses maux revenaient vite.
Et puis un jour un thérapeute, de guerre lasse, et sur une inspiration dont on se demande d’où elle venait, lui conseilla de faire la prière à la façon des Musulmans. Précisons que ledit thérapeute, appelons-le Peter ou John ou tout ce que vous voudrez, n’a rien à voir avec l’islam, ni de près ni de loin. Surprise, sa cliente –la grande Hollandaise, donc– alla sur l’internet et imprima tous les gestes, gesticulations et attitudes qui constituent la prière musulmane et elle s’astreignit à la faire méticuleusement plusieurs fois par jour. C’était comme un film muet (sans les paroles donc) et aux horaires fantaisistes (ni fajr ni maghrib), mais passons. En tout cas, les génuflexions et les prosternations y étaient, et plutôt deux fois qu’une.
Maintenant, que croyez-vous qu’il arriva? Eh bien, notre géante vit peu à peu tous ses symptômes disparaître. Aujourd’hui, elle se considère comme guérie. Allahou akbar.
Les gars, les filles, commencez votre discussion sans moi, je suis trop fatigué en ce moment. Je me contente de rapporter fidèlement ce que m’a raconté cette jeune femme qui est tout sauf une mythomane. Que s’est-il passé? Effet placebo? Autosuggestion? La main de Dieu? Des ondes telluriques qu’on capte quand on frappe du front le sol? Ou bien la prière musulmane est-elle une sorte de yoga plus efficace que le yoga?
À vous de me le dire, moi je suis perplexe et je ne sais qu’ajouter…