Dans le contexte actuel, où l’on observe avec sympathie les premiers pas du tout nouveau tout beau Président français, il faut peut-être revenir sur les élections législatives qui se sont tenues il y a quelques temps déjà aux Pays-Bas. En quelque sorte, la demi-finale a eu lieu là-bas et la finale en France: dans les deux cas, le populisme d’extrême-droite a mordu la poussière, au grand soulagement de tous ceux qui croient encore en l’Europe et en ses valeurs.
On a dit et redit que c’était Mark Rutte, le patron du parti libéral VVD, qui avait battu l’immonde Wilders, le facho peroxydé et inculte qui incarne la xénophobie aux Pays-Bas, et ainsi sauvé son pays de l’opprobre et l’Europe de la dislocation. C’est faux. Le VVD a en fait perdu des voix et des sièges, huit au total. Le vrai vainqueur, c’est le parti écologiste de gauche Groen Links, qui est passé de quatre à quatorze sièges au Parlement. Une progression spectaculaire.
On prédisait à l’extrême-droite un triomphe et donc un plébiscite personnel pour Wilders la fausse blonde dont l’un des slogans était «Nous voulons moins, moins, moins de Marocains !». Le plébiscite n’a pas eu lieu et, ironie de l'histoire, Groen Links, qui l’a empêché, est dirigé par un jeune homme ambitieux, Jesse Feras Klaver (JFK, les mêmes initiales que Kennedy...), dont le père est Marocain. Look de rock-star, cheveux en bataille, jeunesse insolente, le Macron hollandais est à moitié rifain... Ce monde est de plus en plus surprenant.
© Copyright : DR
JFK est maintenant le leader de fait de la gauche néerlandaise après l’effondrement (regrettable, à mon avis) du Parti socialiste, le PVDA, qui a dominé la vie politique néerlandaise depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le succès du jeune homme pressé nous suggère l’idée suivante: la meilleure façon de tempérer la montée de l’extrême-droite xénophobe en Europe, c’est peut-être de lui opposer des JFK, c’est-à-dire des demi-Marocains brillants, charismatiques, bien dans leur peau un peu brune, avec un programme d’espoir, généreux et humaniste.
Au cours de mes voyages, j’ai rencontré en Espagne, en Allemagne, en Italie et en Belgique (il y en a beaucoup là-bas) quelques JFK potentiels dont j’espère qu’ils se lanceront en politique. Peut-être devrions-nous les y inciter? Allons, il y a encore de l’espoir...