On apprend avec joie– et une certaine dose de stupéfaction– que quinze élèves du Lycée d’excellence de Benguerir ont réussi le concours écrit de l’Ecole polytechnique et douze celui de l'Ecole normale supérieure. Chapeau!
Pour être passé par les classes préparatoires, je sais ce que ces chiffres signifient. Au lycée Lyautey de Casablanca, qui était de très haut niveau puisqu’il concentrait en classe de mathématiques supérieures les meilleurs élèves de terminale du Maroc, nous avions chaque année deux ou trois admissibles à Polytechnique, pas plus. Alors quinze! Quant à Normale Sup, n’en parlons même pas.
Et tout cela à Benguerir! Entre nous, personne ne saurait placer cette ville sur une carte du Maroc. Faites l'expérience autour de vous. Certains la voient au Sahara, d’autres dans l’Oriental. Il y en a qui doutent de son existence.
Autrement dit, le groupe OCP a réussi à créer au milieu de nulle part, quasiment au cœur du désert, un lycée capable de rivaliser avec les prestigieux lycées parisiens Louis-le-Grand, Saint-Louis ou Henri-IV.
Benguerir, je l’ai visité quand j'étais moi-même ingénieur à l’OCP, il y a des lustres. Le gros bourg assoupi, écrasé par la chaleur, m’avait fait l’effet d’un pueblo des bandes dessinées de mon enfance. Je m’attendais à voir surgir d’un saloon une bande de cowboys éméchés qui chercheraient noise à Tex Willer, le revolver au poing. J’imaginais un gros Mexicain affalé contre un mur, les jambes allongées dans la poussière, qui cuvait sa tequila en ronflant, un sombrero sur le visage. Un serpent à sonnettes m’apparaissait soudain, en contrejour. C'était ça, Benguerir, il y a une génération.
Et puis il y a eu cette transformation inouïe du groupe OCP, initiée en 2008. Le groupe a construit à Benguerir une Université hyper-moderne (avec piscine olympique et laboratoires de pointe) que j’ai visitée en avril dernier. Elle m’a donnée envie de reprendre mes études… En tout cas, elle n’a rien à envier aux universités d’Europe ou d’Amérique. Et puis, il y a ce Lycée d’excellence avec ses résultats époustouflants.
Les Marocains, en général, applaudissent l’exploit. Mais il m’est arrivé de rencontrer, au cours des dernières années, des gens qui se permettaient de critiquer OCP, de dénigrer son développement depuis la “révolution“ de 2008. Le point commun de ces gens-là était qu’ils étaient au mieux mal informés, au pire de mauvaise foi. Ou bien c'était des râleurs professionnels.
«Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur», disait Beaumarchais. Retournons l’adage: puisque nous avons la liberté de blâmer et que nous l'exerçons avec alacrité, ayons l'élégance de prodiguer de temps à autre quelque éloge. Alors bravo le Lycée d’excellence, bravo OCP et bravo les lycéens. Et bon courage pour la suite!