Chaque Mondial est précédé de campagnes appelant au boycott parce que le pays organisateur ne respecte pas les droits de l’homme.
Le Qatar ne fait pas exception. Sauf que ce qu’on reproche à ce pays, c’est le traitement des ouvriers immigrés qui ont travaillé dans des conditions inhumaines.
Faut-il aller au Qatar ou bien décider de boycotter ce mondial de football? La question taraude les milieux politiques et sportifs en Europe.
La question des droits de l’homme est au centre de cette interrogation. On reproche au Qatar d’avoir exploité des milliers de travailleurs immigrés venus du Népal, d’Inde, du Pakistan, etc. Une enquête du Guardian parle de plus six mille morts à cause de la canicule, de mauvais traitements et de manque de sécurité durant la construction des stades et autres infrastructures liées à l’évènement sportif.
Le Mondial a déjà eu lieu dans des pays où le respect des droits de l’homme est le dernier des soucis du régime en place et on n’a pas assisté à une telle levée de boucliers.
Si on doit s’interdire de se rendre dans des pays où l’être humain est maltraité, il resterait peu de pays sur la carte de la planète.
L’acteur populaire Vincent Lindon a déclaré sur France 5: «je ne regarderai pas la Coupe du monde. On est dans un asile géant: la même année, il y a des Jeux olympiques d'hiver dans un pays où il n'y a pas de neige (à Pékin, Ndlr) et une Coupe du monde dans un pays où il fait 60°C à l'ombre et où ils ont construit une dizaine de stades réfrigérés… C'est non seulement une aberration climatique et écologique, mais il y a aussi un non-respect des droits de l'homme». Il a évoqué les conditions de travail des migrants et les discriminations à l'égard des femmes au Qatar. A le suivre jusqu’au bout de sa logique, les grands évènements sportifs devraient être accueillis seulement dans les pays aux climats tempérés, avec quatre saisons, qui se situent majoritairement en Occident.
Il n’est pas le seul. Des footballeurs connus ont critiqué cet Etat du Golfe.
Plusieurs villes en France comme Paris, Marseille, Strasbourg, Lille, Nancy et Reims ont décidé de ne pas installer dans les grandes places des écrans géants pour transmettre les matchs. En quoi cela va améliorer la condition des immigrés vivant et travaillant au Qatar?
Une journaliste a osé dire que «ce boycott est injuste et qu’il y a là deux poids deux mesures parce qu’il s’agit d’un pays arabe». Elle n’a pas été suivie dans ce débat, où la critique du Qatar était le sujet principal.
Il est vrai que le Qatar énerve les Européens, car ce pays a mis en place une stratégie basée sur l’argent et la défense de l’idéologie des Frères musulmans à travers ses chaînes de télévision en plusieurs langues, dont Al Jazeera.
Il a acheté des maisons historiques, des immeubles situés dans des quartiers où le mètre carré dépasse les vingt mille euros; il a acquis des palaces, des hôtels historiques, des espaces, des équipes de football etc. Le fait qu’il ait voulu organiser la Coupe mondiale de football est légitime. Mais cela n’a pas plu à tout le monde. Des journalistes ont laissé entendre que Sarkozy aurait en 2008 appuyé le choix du Qatar par la Fifa, contre l’achat de quelques avions…
Je ne suis pas un fan du football. Les seuls matchs que je regarde sont ceux disputés par le Maroc.
Je n’ai pas de sympathie particulière pour le Qatar.
J’y ai été invité pour l’inauguration du Musée d’art islamique. Un musée magnifique.
Mais je trouve que cet acharnement dans la presse occidentale sur ce pays est excessif. Bien sûr que la main d’œuvre étrangère a travaillé dans des conditions très dures. Il est certain que des immigrés sont morts à cause de ces conditions.
Au bout du compte on se demande si une telle fête mérite qu’on meurt pour elle, que ce soit au Qatar, en Russie, en Chine ou ailleurs.
Les dirigeants du Qatar semblent être indifférents à ces critiques. Ils seraient contents. Tout le monde parle d’eux. N’est-ce pas le principal? De plus, il semblerait que les conditions sont réunies pour réussir un beau Mondial.
On raconte que le père de l’actuel émir se serait rendu à Londres; quand il a présenté son passeport qatari, le policier lui a dit: «mais ce pays n’existe pas!» Il a ri avec les autres agents. Depuis cette humiliation, le Qatar a voulu montrer à quel point il existe. Il a réussi au-delà de toute espérance.