Ce matin, Bachar al Assad est inquiet. Son dernier fils a mal au ventre. Il a dû manger trop de parts de gâteaux pour son anniversaire. Le petit a vomi. Le médecin a rassuré les parents: «Ce n’est rien, un peu de gourmandise et puis la fatigue de la joie d’hier soir». Pendant ce temps-là, le père donnait ses ordres à son armée pour répandre du gaz sarin sur les populations civiles durant leur sommeil au village Khan Cheikhoun. Il fallait se dépêcher car les militaires étaient pressés et le père ne voulait pas rater l’anniversaire du petit. 86 morts dont 30 enfants et 160 intoxiqués qui n’auront plus à fêter leur anniversaire.
En attendant que les instances internationales fassent leur travail, cela peut prendre des années, je suggère que le salaud de Damas soit jugé par des enfants. Un tribunal composé d’enfants venus de tous les pays du monde. Le dossier est simple. Un dirigeant d’un Etat, ayant hérité ce poste de son père, lui-même connu pour ses crimes, donc un dirigeant sans aucune légitimité, un gangster assoiffé de sang, sera présenté devant des juges qui auront entre leurs mains un dossier constitué par les images d’autres enfants morts dans leur sommeil après d’atroces souffrances provoquées par le gaz sarin qui tue par étouffement.
Pas besoin d’avoir fait des études de droit ni d’avoir étudié les sciences de la politique. Il suffit de lire les reportages, voir les images et vidéos, les revoir, écouter les témoignages de survivants, simples citoyens ou médecins (survivants de l’hôpital bombardé) pour se faire une idée de ce dont a été capable cet individu, certainement né pour ruiner le destin de son peuple, né pour tuer, pour massacrer et se justifier par des mensonges.
Rappelons que tout a commencé au début de ce qu’on a appelé «le printemps arabe», en mars 2011. Des collégiens ont écrit sur un mur «Bientôt ce sera ton tour». Arrêtés, torturés, ces gamins ont disparu. Le lendemain des milliers de citoyens pacifiques sont sortis manifester dans le calme contre cette dictature. Au lieu de les disperser avec des jets d’eau, il a appelé l’armée et a donné l’ordre de tirer sur la foule. Depuis, il n’a cessé de tuer. On me dira, les autres aussi. Oui, des djihadistes qui étaient en prison furent libérés par lui. Avec l’aide de ses grands amis comme les dirigeants de la Russie et de l’Iran, il a exposé au monde l’équation suivante: c’est moi ou le chaos islamiste, c’est moi ou la barbarie de Daech!Ce scénario bien ficelé a été peaufiné et vendu aux médias internationaux par une agence de communication américaine. Depuis, il massacre en toute impunité. Il n’a aucun problème pour dormir et même rêver. Les djihadistes aussi, mais lui, c’est tout de même un dirigeant reconnu par les autres Etats.
Résultats: 350 000 morts, 5 millions de Syriens déplacés, réfugiés, dont certains mendient aux feux rouges des grandes villes. Tout cela pour permettre à un criminel, fils de criminel de continuer à gouverner. Il faut dire qu’il est soutenu par sa tribu, une minorité représentant moins de 10% de la population. C’est son noyau dur qui se battra jusqu’au dernier. Pour lui, pour leur tribu.
L’aviation russe a largement participé aux bombardements de la population civile à Alep et d’autres lieux. Des mercenaires iraniens se battent aux côtés de l’armée de Bachar. Et voilà que pour la deuxième fois, il a recours aux armes chimiques. Et le responsable indirect de cette tragédie est… Barack Obama! Oui, Obama avait menacé Bachar: si tu franchis la ligne rouge en utilisant contre ton peuple les armes chimiques, tu seras puni!
Obama a fait ses calculs. Il n’a rien fait. Du coup Bachar s’est senti largement autorisé à tout entreprendre, aidé en cela par la lâcheté d’un président faible et par une Europe divisée.
Voilà, le tribunal des enfants n’aura pas à entrer dans ces considérations. Il devra juste juger un individu qu’il faudra mettre hors d’état de nuire à son peuple. Il faudra l’isoler et le laisser mourir lentement face aux fantômes des centaines de milliers de personnes qui sont mortes par sa faute, le laisser pourrir dans un lieu où même les rats auront pitié de lui et n’iront pas le toucher au risque de s’intoxiquer. Quant à ses trois enfants et son épouse, on leur expliquera que cet homme les a trahis en donnant l’ordre de massacrer tous ceux qui ont osé protester et s’opposer à son régime totalitaire et illégitime.
Le tribunal des enfants du monde n’est pas une idée en l’air. Il est possible. Que des Etats démocratiques et épris de justice le mettent en place. Ce sera symbolique, mais il ne faut pas mépriser ou sous-estimer la force des symboles.