Durant l’été, on vivait avec le Covid en croyant que c’était un visiteur qui partirait avec la fin des grandes vacances. Les parents pensaient que leurs enfants retourneraient à l’école comme au bon vieux temps. Mais ce bon vieux temps n’est pas là. Le virus circule et fait des ravages. Les chiffres quotidiens sont effrayants. Tout le monde attend le pic pour respirer et voir les contaminations se réduire jusqu’à disparaître. Hélas, ce scénario ne fonctionne pas.
On sait pourquoi. Sa Majesté l’a rappelé de manière claire et forte dans son discours du 20 août. L’incivisme, le manque de discipline, les idées de complot et même le déni de l’existence de la pandémie, le tout aggrave la situation. Ajoutons à ce tableau l’incompétence et le manque de rigueur de certains responsables qui prennent des décisions sans les penser ni en mesurer les conséquences, comme par exemple attendre 22h pour annoncer la non-ouverture des écoles le lendemain, mettant les parents et les enfants devant une situation inextricable.
Certes, l’école à distance est un pis-aller dans cette situation de catastrophe annoncée. Mais ça concerne peu de monde, ça concerne les citadins aisés qui non seulement sont connectés, mais qui peuvent se permettre d’engager quelqu’un à domicile pour faire cours à leurs enfants. Le monde rural ainsi qu’une grande partie des parents sont de fait exclus de cette méthode.
Fermer les écoles par précaution s’imposait probablement. Mais que proposer aux parents qui travaillent et qui ne savent que faire face à leurs enfants qui réclament un enseignement? Alors le désespoir s’installe et plus rien ne fonctionne.
Des pays, à l’instar du Maroc, ont dû fermer leurs écoles. Ils ont cependant donné aux parents un chômage partiel qui leur permet de rester à la maison et faire cours à leurs enfants ou du moins de les accompagner dans l’enseignement à distance sans perdre leur travail.
Chez nous, que chacun se débrouille. Il n’y a plus d’argent. Alors sacrifions une année scolaire pendant que les parents essaient de travailler. Et le virus est content. C’est dans certains lieux de travail que des foyers du virus existent et font des ravages parmi les hommes et les femmes. Le nombre de morts est, proportionnellement au reste du monde, assez faible. Comme un peu partout, ce sont des personnes âgées et à risques qui décèdent, même si des jeunes commencent eux aussi à tomber. Pendant ce temps-là, les bars-restaurants sont ouverts jusqu’à une certaine heure.
Cette guerre est menée avec des stratégies qui changent tout le temps. L’ennemi invisible se propage parce qu’il profite de l’incivisme général et de l’improvisation de ceux qui sont aux commandes.
On entend certains dire «crever du Covid ou de faim, je préfère le Covid!». Je ne sais pas si c’est vrai, mais la crise économique qui touche de manière atroce les plus démunis est une alliée de la pandémie.
On attend tous, on espère tous une mobilisation générale, car nous sommes en guerre, et cette guerre tue et bloque la vie économique, sociale et culturelle. Le monde entier est concerné. Le monde entier est déprimé.
Au début de la pandémie, notre beau pays a réagi de manière exemplaire. Aujourd’hui, on n’a pas de stratégie bien précise. La manière dont a été traité le problème de l’école démontre combien cette guerre est mal menée. On ne jettera la pierre à personne en particulier. Mais il est temps que la société civile, les partis politiques, les associations, s’organisent, afin de mener une guerre véritable à la hauteur de la catastrophe.
On pensait au début que le virus finirait par partir, par mourir de lui-même et permettre à la vie de triompher de cette attaque cruelle. Hélas, le Covid-19 est persistant.
Reste l’espoir d’un vaccin. Là, il faut du temps, le temps de le tester et de voir son efficacité ainsi que ses effets secondaires.
En attendant, il est possible d’ouvrir les écoles dans des conditions spéciales, quitte à scinder chaque classe en deux et alléger le nombre d’heures de cours.
Pour le moment, seule la discipline, le respect des règles de distanciation, du port du masque et toutes les précautions essentielles constituent une arme contre cette «vacherie» qui s’est abattue sur le monde sans distinction et sans pitié.
P.S (qui n’a rien à voir avec cette chronique): une pensée pour la famille du petit Adnane, kidnappé, violé et assassiné par des monstres. Lui, il n’aura jamais connu l’école. La police a été très efficace. Mais au-delà de ce drame horrible, le besoin d’éducation s’impose de plus en plus, dans les médias, dans les lieux de travail, dans les mosquées, partout où on peut lutter contre le démon du Mal, pour le respect de la dignité de l’être humain et en particulier de l’enfance.