On pourrait ne faire aucun commentaire sur la visite de Macron en Algérie. Après tout, cela nous concerne dans la mesure où le rapprochement franco-algérien ne peut se faire qu’à condition que la France s’éloigne un peu plus du Maroc.
Le fait d’avoir écrit en anglais sur le pupitre de la conférence de presse «Presidency of the Republic; Algiers 25th August 2022» est un symbole assez clair et en même temps ridicule. Macron aurait dû le relever et rappeler l’importance de la langue française dans l’histoire de ce pays.
L’Algérie abandonne l’enseignement du français en première langue et compte le remplacer par l’anglais.
Pourquoi pas? Ainsi il n’y a pas qu’au Maroc que l’influence française recule et l’attachement traditionnel à ce pays et sa culture connaît un désamour populaire.
La langue de bois a été partout. Des généralités qui ne font de mal à personne ont été dites de part et d’autre. A aucun moment les questions qui fâchent n’ont été publiquement posées. Macron a évoqué le Mali, mais a oublié de parler du Sahara et d’un conflit qui dure depuis longtemps. Il s’entête à ignorer l’importance de cette question qui empêche le Maghreb de devenir une union qui profiterait aux peuples de la région.
Cependant, ce qui est fâcheux, c’est l’attitude inamicale de la Tunisie devenue de plus en plus proche de l’Algérie. Son chef d’Etat, après avoir installé la dictature, a cédé aux pressions algériennes afin d’isoler le Maroc. Les Etats-Unis viennent de suspendre l’aide d’un demi-milliard de dollars en faisant remarquer que le régime tunisien a répudié la démocratie. Mais le «frère» algérien est là pour compenser ce qui manque dans ce petit pays à l’économie en bien mauvais état.
Ce qu’on constate, chose qui aurait pu être rappelée par le président français, c’est l’enterrement de l’Union du Maghreb. Au lieu de favoriser cette union, d’encourager les pays du Maghreb à unir leurs richesses et leurs forces, la France, par son indifférence, a démontré qu’un Maghreb uni ne ferait pas son affaire. Et le régime algérien qui bloque les ouvertures des frontières, qui refuse la main tendue du Maroc, qui attise le feu entre la Tunisie et le Maroc, doit être satisfait de son travail de sape de tout ce qui peut faire du Maghreb une union forte et puissante, une entité à opposer à l’Europe.
Mais pour cela, il faudrait que le régime pense à son peuple, qu’il prenne en considération la vie quotidienne de sa jeunesse, et qu’il lui assure une vie prospère et décente. Le mouvement du Hirak a été finalement maté. Aucune opposition ne s’exprime. Des journaux ont fermé; des voix étouffées. Quand un journaliste a posé à Macron la question des droits de l’homme, il lui a répondu par une phrase dans la plus pure langue de bois: «nous avons évoqué tous les sujets».
La question des visas a reçu une réponse: Macron s’est engagé «au nom de la mobilité choisie entre nos artistes, nos sportifs, universitaires et scientifiques, à simplifier et clarifier notre cadre de mobilité l’un et l’autre». C’est assez alambiqué.
Que fera-t-il avec notre pays? On verra. Quelqu’un à l’Elysée a dit: «le fait d’avoir dû restreindre les visas n’est pas une mesure qui a vocation à se pérenniser dans le temps». Donc, bonne nouvelle!
Il va être difficile à Macron d’envisager une visite d’Etat au Maroc. Pour cela, il faut qu’il soit invité. Les diplomates des deux pays ont du pain sur la planche.
A entendre ce qui se dit dans la presse et les réseaux sociaux, cette visite reste du domaine de l’improbable, mais en politique, les choses changent et les coulisses sont le lieu où les différends se règlent.
J’imagine, je dis bien j’imagine, Macron convoquer la presse à Dakhla pour faire une annonce importante: «après avoir bien réfléchi, après avoir longuement étudié le dossier sur le plan historique, politique et stratégique, je déclare que le solution d’autonomie au Sahara préconisée par le Maroc pour mettre fin à un conflit vieux de plus de 45 ans, est la seule possible. Pour la France, le Sahara est marocain».
Cette belle volonté ne traverse même pas l’esprit de M. Macron tant il est persuadé de réussir ce que les précédents présidents n’ont pas pu obtenir de l’Algérie, à savoir une vraie réconciliation. Pour le moment, il est content de lui, on verra ce que nous réserve l’avenir avec sa visite au Maroc fin octobre, annoncée par lui-même en rentrant d’Alger, sans se soucier du protocole.