Si le problème du Sahara n’existait pas, l’Algérie l’aurait inventé. Besoin d’avoir un ennemi, besoin de lui créer des problèmes, envie de claquer de l’argent pour une cause douteuse sinon sans avenir. Bon, le Maroc a longtemps sous-estimé la capacité du voisin de lui causer du mal. Il a négligé le rôle d’une diplomatie clandestine, avec à la clé un système de lobbying important. Normal. Quand on a raison, on devient paresseux et on se dit, «le droit et l’histoire sont avec nous, c’est aux autres de le reconnaître!» C’est mal connaître l’être humain.
La perversité, la corruption des valeurs, l’injustice et la haine sont sur le marché. Le Maroc ne s’en est pas assez méfié. Tout de même, un pays qu’on a aidé dans les pires moments de son histoire, une société avec laquelle on a tant partagé de choses, ne peuvent pas trahir ces liens et faire tout pour créer des problèmes et se faire passer pour les défenseurs de causes chères aux pays européens notamment les pays nordiques: le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes! Oui, mais la cause en question a été fabriquée, encadrée, entretenue et lancée dans le monde comme un nouveau produit. Je me souviens d’un film militant réalisé par un Mauritanien et des affiches avec le slogan poétique «Nous avons toute la mort pour dormir». Tout cela frappe les imaginations et fait progresser la «cause» chez des gens de bonne foi ou bien des régimes corrompus, prêts à se vendre au plus offrant. Pendant ce temps-là, le Maroc répète dans ses médias : nous avons raison. Comme si cela suffisait pour casser le mécanisme d’une propagande bien étudiée.
A présent, les choses sont claires. Avec la lettre, à l’initiative de du président du Gabon, Ali Bongo, demandant l’expulsion de la Rasd de l’Union Africaine pour permettre le retour du Maroc dans cette instance, on a compris ce qui se passe. Certes des pays africains sont des alliés de l’Algérie, soit par idéologie soit par intérêt. Mais que dire des trois pays arabes qui se sont abstenus, la Tunisie, la Mauritanie, l’Egypte ?
La Tunisie a besoin des touristes algériens. Elle a été affaiblie par le terrorisme et son industrie touristique en souffre beaucoup. On ne va pas l’accabler. Il faut plutôt l’aider à sortir de cette grave crise et la rendre plus forte, donc indépendante des pressions algériennes.
La Mauritanie a un problème d’identité. Une fois elle est avec le Maroc, une autre elle tourne la tête à l’est et rejoint les manigances algériennes. Les raisons sont multiples ; économiques et politiques. Là encore la diplomatie marocaine est responsable de ce changement d’attitude.
L’Egypte est un autre cas. Les Egyptiens subissent la dictature du Maréchal Sissi (il s’est autoproclamé Maréchal ! Aucune pudeur) dont la mère est une juive marocaine de Safi devenue Egyptienne en 1953. Est-ce pour cette raison qu’il nourrit une agressivité contre la politique marocaine? Aurait-il honte de ses origines? La presse égyptienne traite notre pays avec désinvolture, car malgré les problèmes gravissimes que vit ce pays, certains journalistes continuent de nourrir des préjugés contre le Maroc. L’actuel ambassadeur d’Egypte au Maroc a fait une déclaration à la MAP où il dit que «l’Egypte est favorable au retour du Maroc au sein de l’Union Africaine…». Pas un mot sur la condition de ce retour, le renvoi des représentants de «l’Etat sahraoui». C’est de l’humour égyptien. Heureusement que l’Egypte a soutenu le Maroc dans son bras de fer avec Ban Ki-moon. Ainsi, il lui arrive de prendre de bonnes décisions. Il faut le reconnaître et lui dire juste que les Marocains ont eux aussi le sens de l’humour et de la solidarité.
Le travail de fond qu’a fait Sa Majesté en Afrique est extraordinaire. Son implication dans ce continent est une initiative qui, à long terme donnera des résultats étonnants. Mais que font les autres? Les diplomates, les entrepreneurs, les conseillers? Le peuple est mobilisé depuis toujours pour l’intégrité territoriale de son pays. Là-dessus, il n’y a pas de doute. Mais l’appareil étatique et politique devrait innover dans ce domaine et avoir assez d’imagination pour contrer les plans algériens. Nous avons raison, certes, encore faut-il convaincre ceux qui ne sont pas avec nous pour de multiples raisons, y compris des raisons d’intérêts économiques, voire d’ordre personnel. Il va falloir changer de politique et traiter la question avec une méthode scientifique. Pas de discours. Des faits. Plus d’invitation de journaleux, et puis méfiance tous azimut. En politique, il n’y a pas d’amis, il n’y a que des intérêts. Beaucoup de travail en perspective.