Ni l’Académie Nobel ni l’Académie Goncourt et encore moins l’Académie française n’ont pu suivre les enchères pour le transfert du grand écrivain brésilien Adolfo Nimayer vers la sphère francophone. Dorénavant le mécène francophile installé dans un pays du Golfe a réussi à débourser la somme colossale de 222 millions d’euros pour que ledit écrivain, à peine 25 ans, abandonne l’écriture en portugais pour écrire ses best-sellers directement en français. Adolfo a reçu une grande partie de cette somme, son éditeur brésilien une partie et son entraîneur en écriture efficace et splendide a touché quelque chose comme 20 millions. On a appris par ailleurs que le mécène a déjà réglé les impôts que cette somme allait générer.
Ouf! les lettres françaises sont sauvées, elles vont enfin produire des livres que le monde entier va acheter, traduire, adapter au cinéma, à la télévision et aussi en série. Finis les petits romans provinciaux sur papa maman, la guerre, l’islamophobie, l’antisémitisme. Nous allons enfin avoir un grand écrivain qui traitera des grands problèmes de l’époque avec une force et une conviction qui rendraient jaloux les Américains et les Anglais. Car la francophonie avait besoin d’un sang neuf, d’être secouée et qu’elle soit pratiquée par un génie de la taille d’un Adolfo.
Ce bouleversement du paysage littéraire a suscité des remous partout. Mais les millions de lecteurs «fans» d’Adolfo ont applaudi à ce transfert unique dans l’histoire de la littérature française. Il n’y a que la France pour donner tant d’importance aux lettres et à la création littéraire.
Les deux derniers prix Nobel, Le Clézio et Modiano ont félicité le jeune prodige et se sont tous les deux inscrits dans un club de football pour améliorer leurs tactiques d’attaque et de défense sur le terrain. Le problème est que Patrick Modiano hésite tellement avant de donner un bon coup de pied au ballon qu’il lui arrive de perdre le match. Heureusement que Le Clézio, fort de son Nobel et de ses recherches sur le football des Indiens d’Amérique, s’est révélé un excellent centre. Il joue avec force et délicatesse. C’est un génie, car il considère le foot comme un exercice littéraire qui doit retenir l’attention du spectateur et le satisfaire en marquant des buts au moment où l’on ne s’y attend pas. Il avait fait un stage chez Zidane quand il était entraîneur au Real Madrid. D’ailleurs ils ont échangé leurs recettes. D’où l’immense succès du dernier roman de Zidane, «Moi, Algérien, je bute celui qui insulte ma mère».
S’il n’y avait pas de limite d’âge, les deux Nobel feraient partie aujourd’hui du Club Parisien serein et grandiose (PSG).
Adolfo s’est installé à Paris pour écrire. Le mécène lui a trouvé un superbe appartement dans le Marais, silencieux et lumineux. Comme certains génies, il écrit à la main sur des cahiers avec des crayons américains. Ensuite deux secrétaires saisissent le texte et l’impriment pour qu’il le relise.
Les médias sont tout le temps en bas de chez lui, le harcèlent et tous se demandent quel sera le thème de son premier roman écrit en français sur le sol français. Il a promis d’étonner ses «fans», son éditeur et les clubs de lecture qui se sont multipliés depuis que le transfert a eu lieu. Il aurait accepté, mais là, nous n’avons pas de confirmation, de donner quelques cours gratuitement aux jeunes prétendants qui veulent écrire des romans d’amour. C’est sa spécialité. On se souvient de son best-seller Le Mangeur de gazon, l’histoire d’un sportif tombé amoureux fou du stade où il joue et qui broute du gazon avec la même passion que s’il faisait l’amour à sa bien-aimée.
Grâce au mécène du Golfe, la francophonie est sauvée et la littérature française enrichie dans tous les sens du mot. De nouvelles librairies sont en train de s’installer un peu partout dans le pays. La Fnac a décidé de consacrer au livre les deux premiers étages et d’organiser une fois par mois un grand débat au stade de France sur le génie Adolfo qui est, d’après la critique, sur les pas du grand Marcel Proust. La France est un pays étonnant !