Je ne sais pas si c’est une fake news ou une vraie info. Je vous la livre telle que je l’ai reçue: «selon le site d’information politique américain Axios, Israël et les Etats-Unis ont discuté d’un accord trilatéral qui verrait les Etats-Unis reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental en contrepartie de mesures effectives prises par Rabat pour normaliser les relations avec Israël, selon des sources israéliennes et américaines».
Qu’importe la véracité ou la non-véracité de cette information. Je la prendrai comme une hypothèse à discuter entre nous.
Avant d’aller plus loin, établissons faits et constats: des pays arabes, dont certains sont très riches, ont abandonné depuis longtemps la Palestine. Certains ont normalisé leurs relations avec l’Etat hébreu, d’autres se sont rapprochés de Trump, le plus grand et puissant protecteur d’Israël. Des dizaines de milliards de dollars ont été versés à l’Amérique pour des achats d’armes, lesquelles sont utilisées pour bombarder notamment le Yémen, pays soi-disant «frère».
Les Palestiniens sont divisés. Les uns sont à Gaza, vivant sous embargo économique, et enfermés dans un territoire où ils ne peuvent avoir aucune perspective d’avenir. Le Hamas, parti islamiste, tient des ficelles qui sont de véritables cris de désespoir.
Les autres sont à Ramallah sous l’Autorité Palestinienne où des dirigeants survivent dans une situation bloquée depuis les accords d’Oslo il y trente ans, accords dont le texte a été foulé aux pieds par les Israéliens et définitivement jetés à la poubelle. Ces derniers jours, les deux camps se sont rencontrés et on espère qu’ils parviendront à une unité des Palestiniens face au «deal du siècle», véritable mise à mort définitive de la Palestine.
Le plan Trump a été comparé par un journaliste de Radio France à un morceau d’emmental, c’est-à-dire un fromage plein de trous. Le fromage est réservé aux Israéliens, les trous pour les Palestiniens. Cette image dit tout. Regardez la carte qu’a présentée Trump: tout, ou presque tout, pour Israël, des miettes jetées aux Palestiniens. Or le principe d’un Etat est la continuité territoriale et la souveraineté. Là, les Palestiniens n’ont ni l’un, ni l’autre. Ce «plan» est un coup de force contre le droit international, tue l’idée de paix et empêche toute possibilité de négociation.
L’Union européenne ainsi que les Nations-Unies ont été tétanisées par l’arrogance de l’illégalité et du fait accompli ignorant le droit et la loi.
La Ligue arabe (dont l’efficacité est légendaire!), a refusé «le deal du siècle». Refus qui ne pèse pas lourd.
Reste le Maroc. Lui aussi a officiellement rejeté ce «deal», ce qui est dans l’ordre des choses et la cohérence de la politique marocaine depuis toujours. Le roi Mohammed VI, en tant que Président du Comité Al Qods, ne pouvait pas accepter ce tour de passe-passe excluant les Palestiniens de leur terre et les enrobant dans un «deal» puant l’injustice la plus terrible. Hier, des manifestations de protestation ont eu lieu, notamment à Rabat. Je doute que les cris d’horreur des Marocains outrés par tant d’injustice soient parvenus jusqu’aux oreilles de M. Trump. Qu’importe.
Qu’en est-il de «l’info» israélo-américaine ?
Le Maroc, seul, ne sauvera pas la Palestine d’une disparition programmée. Il la voit se dessiner de plus en plus dans la politique brutale, injuste, illégale, allant contre toutes les résolutions des Nations Unies: reconnaissance de Jérusalem comme capitale éternelle d’Israël; légitimation par Trump de l’occupation coloniale des territoires palestiniens. Et personne ne dit mot. Pire, aussi bien en France qu’en Amérique, oser critiquer l’idéologie sioniste devient synonyme d’antisémitisme. Ce chantage est efficace.
Charles De Gaulle disait: «les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts». Les Américains ont adopté cette thèse depuis longtemps. Tous ceux qui ont cru que les Américains étaient leurs amis, ont découvert amèrement qu’ils s’étaient lourdement trompés.
Quels sont les intérêts du Maroc? Que son intégrité territoriale ne soit plus contestée par le voisin à l’Est et certains pays qui continuent de croire à des thèses séparatistes pour des raisons idéologiques ou bassement financières.
Si Trump veut reconnaître la légitimité de la marocanité du Sahara, on ne peut qu’applaudir une telle décision qui est en accord avec l’histoire, le droit et la justice. Mais, en homme d’affaires avisé, il ne fera rien pour rien. Tout le problème est là.