La cuisante défaite du PJD est réduite à un incident de l’histoire, rattrapable, dont la responsabilité incombe à l’équipe qui était aux commandes.
Aucune allusion aux lames de fond qui ont secoué la société marocaine en faisant éclore de nouvelles attentes: la santé, la protection sociale, l’enseignement et l’emploi. Il n’est pas fortuit que le gouvernement présidé par le PJD ait eu un bilan plus que moyen dans les domaines économiques et sociaux, cela ne constituait pas une priorité pour lui. Ce n’était pas son principal centre d’intérêt.
Par contre, le nouveau secrétaire général est prolixe pour évoquer la situation au Soudan, en Tunisie et au Yémen. On l’aura compris, l’épouvantail de l’instabilité politique est à nouveau brandit. Abdelilah Benkirane n’a jamais eu de cesse de rappeler que c’est grâce à son parti que le Maroc a géré le mouvement du 20 février de la meilleure des manières. Il se positionne encore et toujours comme acteur de stabilité. C’en est même à se demander s'il ne réclame pas une rente pour avoir «accompli» cette mission.
Les auteurs du rapport sur le nouveau modèle de développement l’ont bien compris. Le meilleur facteur de stabilité politique, c’est d’abord le développement socio-économique et non la prédication. En optant pour l’Etat social, comme projet de société, le Royaume s’est immunisé contre les vendeurs de rêves.
Alors, quelle forme d’opposition peut pratiquer le PJD? Une politique alternative? Laquelle? Difficile, sachant que les Marocains ont massivement voté pour une politique sociale volontariste et que les réformes ne sont pas le fort du parti islamiste.
Des propositions susceptibles d’innover en matière de gestion gouvernementale? Il ne dispose pas de cadres suffisamment formés pour les élaborer. Il lui reste la sauvegarde du référentiel islamique. Mot d’ordre que les Marocains préfèrent d’abord confier à la Commanderie des croyants.
Aujourd’hui, même parmi sa mouvance, le PJD est désormais contesté dans sa ligne par le Mouvement unicité et réforme. Disons-le, le PJD peut gêner, mais est loin de constituer un contre-pouvoir.
Dure mission dont Abdelilah Benkirane a voulu prendre la charge. Le Maroc marche vers la modernité, en sus de l’Etat social, la société demande plus d’ouverture, moins de conservatisme.