Réagissant dès l’apparition des premiers cas, début mars 2020, le Royaume a mobilisé l’ensemble de ses capacités sanitaires, organisationnelles et financières. L’action conjointe des ministères de la Santé, de l’Intérieur et des Finances s’est caractérisée par une organisation d’une grande efficacité plaçant le pays au premier rang du continent africain en termes de performance. Certains pays africains avec plus de moyens ont fait moins bien. C’est le cas de l’Afrique du Sud.
Le système Maroc a bien fonctionné face à cette crise majeure. Les chiffres récents font état de plus de 23 millions de primo-vaccinés pour une cible totale de 29 millions environ. Nous sommes proches de l’immunité collective.
L’enjeu est de taille, la réussite dans la gestion d’une crise inédite et de cette ampleur, placera le Maroc parmi les pays qui ont la capacité de protéger leurs populations, leurs touristes, leurs investissements. La future carte du monde chez certains décideurs est en train d’être dessinée à l’aune de la capacité de chaque Etat à gérer une crise majeure, dans le cas d’espèce celle du Covid-19.
La gestion de la crise Covid-19 n’a pas manqué de susciter des contestations dans plusieurs pays, parmi eux récemment le Maroc.
Le mouvement de contestation suscité par l’instauration du pass vaccinal au Maroc doit être pris au sérieux, car susceptible de retarder la dynamique qui nous rapprochera de l’immunité collective. Certes le gouvernement vient d’annoncer que la campagne de vaccination a connu une accélération du fait de l’instauration de ce pass, défendant ainsi son approche « persuasive », mais il n’en demeure pas moins qu’au vu des soutiens engrangés par les anti-pass, un surcroît de vigilance s’impose de la part des instances officielles.
Les anti-pass ne sont pas un mouvement homogène. Ils regroupent d’abord ceux qui sont contre le vaccin en lui-même pour des raisons d’aversion pour la chimie thérapeutique, les adeptes des théories du complot ou qui développent diverses phobies. A cela sont venues s’adjoindre diverses mouvances politiques qui tout en n’étant pas forcément contre le vaccin, luttent contre l’Etat tentaculaire qui souhaiterait tout contrôler. Des défenseurs des droits de l’homme, l’opposition extra parlementaire (extrême gauche et islamistes), des partis d’opposition mécontents qui souhaitent surfer sur la vague et enfin des leaders d’opinion dans les réseaux sociaux qui considèrent que le gouvernement doit prendre en considération leurs avis.
L’ensemble n’est pas numériquement négligeable et peut développer une capacité de nuisance dans la société susceptible de bloquer ou retarder des chantiers. Ils ont aussi la capacité de constituer des alliances de circonstance, sur des thèmes précis, bien qu’ils proviennent d’horizons politiques différents.
Le gouvernement actuel, qui est appelé à mener une série de réformes les prochaines années, doit savoir écouter et éventuellement composer avec cette nouvelle forme d’opposition qui se fera en dehors essentiellement de l’enceinte du Parlement, diminuera ou se renforcera au gré des thèmes.
Le meilleur outil pour gérer cette forme d’opposition est d’abord une communication bien maîtrisée.