Il y a quelques jours, le 19 novembre précisément, on célébrait la journée internationale de l’homme. Une initiative lancée en 1999 mais qui pourtant, de par chez nous, passe complètement à la trappe.
Alors qu’on nous abreuve à chaque 8 mars de bouquets de fleurs, de cartes de fidélité dans les boutiques de dessous chics, de cartes bancaires rose bonbon, de promotions sur des lots de trois casseroles, de séances de massage offertes par un client content et que tous les panneaux 4x3 de la ville chantent nos louanges… Le 19 novembre, rien.
Pas une ligne, pas une promo, pas un menu offert pour un menu acheté, pas une épilation du dos à -50% pour ces messieurs. Que dalle.
Pourquoi une telle «injustice»? L’homme n’est-il pas un produit marketing aussi vendeur que la femme? A moins que les hommes, eux, ne soient moins dupes que nous les femmes, prêtes à gober toutes les salades rose fuchsia qu’on nous sert ce jour-là?
Il est donc temps de rétablir quelques vérités afin de rasseoir une certaine idée de l’égalité des sexes et de la parité qui semble passer à la trappe dans les agences de com’.
Si le 8-mars a été lancé pour mettre en avant la lutte pour les droits des femmes et la réduction des inégalités par rapport aux hommes, la date du 19 novembre, elle, entend mettre en avant les problèmes spécifiques à la gent masculine. Bien loin de célébrer le machisme, cette journée a, en fait, pour but de remettre en cause la lecture masculine de la société et de réinventer les relations entre les sexes dans un souci d’égalité.
Elle occasionne ainsi, dans de nombreux pays, des débats ô combien intéressants sur la place de l’homme dans la société, mais aussi au sein de la famille et de l’entreprise.
Car oui, les femmes ne sont pas les seules à être désavantagées, déconsidérées ou écartées de certains domaines.
Il est aussi des hommes qui souffrent de ne pas avoir de congé de paternité, car au prétexte qu’ils sont pères, ceux-ci sont moins indispensables qu’une mère pour un nourrisson. Quelle injustice de taille!
Il est aussi des hommes qui aimeraient œuvrer dans certains secteurs d’activité auxquels on cantonne trop souvent des femmes sous prétexte que ces métiers sont féminins. Et en cela, oui, les hommes aussi souffrent de discrimination à l’emploi. Il y a bien des dames pipi, alors pourquoi pas des hommes pipi! Révoltez-vous messieurs! Mais blague à part, il est temps de tordre le cou au concept de métiers d’hommes et de femmes car on préfèrerait mille fois avoir un homme féministe et moderne à la tête du ministère de la Solidarité, du développement social, de l’égalité et de la famille, que des femmes ministres aux idées rétrogrades.
La santé est, elle aussi, un point important de cette journée car dans ce domaine également, nous sommes tellement inégaux. Pourquoi médiatiser à ce point la journée pour la lutte contre le cancer du sein et ne pas informer ces messieurs qu’ils peuvent aussi en être atteints? Pourquoi ne pas leur faire bénéficier aussi d’opérations de sensibilisation, de prévention, d’ampleur médiatique égale, pour le cancer de la prostate par exemple? Pourquoi cantonner les hommes dans le tabou de leur corps, de leurs maux et de leur souffrances en les enfermant dans le silence et le non-dit?
C’est dire à quel point dans une société en quête d’égalité, nous continuons au contraire de perpétuer l'inégalité en attendant des hommes qu’ils soient toujours plus ouverts, tolérants, équitables, «modernes» mais en leur interdisant, dans le même temps, ce droit d’être faibles et fragiles.
Faire avancer les femmes en maintenant les hommes en arrière le temps qu’elles prennent un peu d’avance n’est certainement pas le modèle de société le plus viable. Faire croire aux femmes qu’on les privilégie le temps d’une journée non plus.
Alors à tous les hommes, on souhaite un joyeux 19 novembre avec un peu de retard. Parce qu’ils le valent bien, du moins autant que nous. Et parce que c’est à leurs côtés, et non devant ni derrière eux, que nous pouvons avancer sereinement et poser les bases d’une société juste.