A peine le temps de se remettre de son dernier tube, que la pop star marocaine nous gratifie déjà d’un nouveau single qui fait «Crac Boum Hue».
Il y a quelque chose qui tient lieu de la frénésie, voire de la boulimie, dans le rythme effréné auquel se succèdent ses tubes.
En l’espace de 4 mois, nous avons eu droit à «Njibek», «Ensay», «ykhalil lili» et maintenant à «Salam». De quoi faire jeter l’éponge aux musiciens qui se démènent pour enregistrer une maquette et trouver des soutiens financiers.
Des chansons d’amour tantôt meurtries, tantôt finissant sur un happy end, donnant à voir le Maâlem dans sa splendeur de mâle oriental blond platine, entouré de jeunes femmes, belles et consentantes… Cela va de soi.
Des tubes qui, à mesure que le compteur du nombre de vues explose, font oublier, ou du moins passer au second plan, les déboires judiciaires de la star.
Car plutôt que de se murer dans le silence et de faire profil bas, comme le lui avait suggéré Maître Dupont-Moretti, son premier avocat, la star a au contraire opté pour une autre stratégie: paraître le plus possible sur les réseaux sociaux, enchaîner les tubes et donner de lui l’image d’un bellâtre entouré de femmes épanouies, désirables et sous son charme.
Et pour le coup, force est de constater que sa stratégie paie.
A l’heure où la France ou encore les Etats-Unis se débattent dans les dessous peu reluisants des affaires Weinstein et Epstein, et que le slogan #metoo réunit sous son étendard de nombreuses victimes, chez nous, au Maroc, on a opté pour le pardon et la rédemption.
A Saâd Lamjarred, cet enfant du pays si malmené en Occident, on souhaite longue vie, encore plus de succès et on crache au passage sur ses détracteurs et ses présumées victimes. Forcément des personnes jalouses. Des femmes vénales en quête de notoriété.
«Pourquoi aurait-il besoin de violer une femme, lui si beau et si célèbre?», s’interrogent de nombreuses fans du chanteur sur les réseaux sociaux. «Moi il n’aurait pas besoin de me forcer», rit une autre.
Bien entendu, la sempiternelle répartie que l’on entend aussi dans les rangs des adeptes de Michael Jackson, de Woody Allen ou de Roman Polanski, est de mise: «il faut faire la différence entre l’artiste et l’homme».
Et pour bien asseoir cette belle image, le chanteur peut compter sur ses amis stars et influenceurs qui ne ratent pas une occasion de prouver à tous leur amitié fidèle et à toute épreuve.
Avec «Salam», Lamjarred va encore plus loin et s’impose, bien malgré certains de nous, comme un messager de la paix, un ambassadeur de la culture marocaine et de sa diversité.
Quand certains voient dans ce nouveau clip un hymne au mariage réussi de «la tradition et la modernité»… D’autres sont écœurés par cette formule toute faite que l’on emploie à tout va pour tenter de concilier deux Maroc qui s’opposent.
En l’occurrence, dans le contexte actuel, un Maroc dit «moderniste», qui prône les libertés individuelles, et un Maroc «conservateur» que tentent d’incarner des figures islamistes aux idées rétrogrades et dangereuses.
Qui Saâd Lamjarred entend-il représenter dans ce Maroc aux multiples visages? On se le demande.
En attendant, ce sont les intellectuels, les savants, les érudits marocains que l’on souhaiterait voir occuper le devant de la scène, pour faire briller de leur savoir et de leurs opinions un Maroc qui en a bien besoin.