C’est un match qui est tombé à point nommé que celui qui a opposé les Lions de l’Atlas aux Fennecs, hier soir. Comme à la belle époque, celle d’avant le Covid, on a enfin pu communier tous ensemble, quitte à envoyer valser les mesures restrictives du pas plus de quatre à table. Ça a dansé, ça a chanté, ça a crié, ça a hurlé des chapelets de jurons, mais au-delà du beau spectacle que les deux équipes nous ont offert, ce qui nous a tous touché, c’est l’esprit sportif qui a uni les joueurs des deux pays mais aussi les supporters.
Bien plus fort que la politique, le sport a permis aux deux peuples voisins de faire entendre leur voix, la vraie, celle du respect mutuel et de la fraternité. Avant, pendant et après le match, à aucun moment la haine de l’autre n’a pris le dessus, comme on aurait pu le croire au vu de l’escalade de provocations haineuses émanant de la junte militaire au pouvoir en Algérie ces derniers mois.
D’ailleurs, au vu des commentaires sur les réseaux sociaux, les Algériens n’ont pas été dupes de la tentative de l’armée de politiser ce match et lorsque le général Chengriha a félicité l’équipe des Fennecs, celui-ci a essuyé une volée de bois vert. «Au nom de quoi l’armée se permet-elle cette intrusion?», «a-t-on jamais vu un chef d’état-major commenter un match dans un autre pays?», «pour qui se prend-il? Pour le président?», «cette victoire c’est celle du peuple, pas de l’armée!», se sont écriés les internautes algériens sur les réseaux sociaux, bien déterminés à ne pas laisser cette victoire être instrumentalisée par les militaires va-t-en-guerre, ni à faire basculer ce match dans un conflit ridicule entre supporters.
Sur la Toile, les internautes marocains ont eux aussi exprimé ce même sentiment. Nombreux ont ainsi été ceux à avoir félicité les Algériens pour ce beau match, assurant leur soutien à l’équipe algérienne pour la suite de cette Coupe arabe des nations. Alors oui, les nationalistes au sang chaud vont nous accuser de trop brandir la carte du khawakhawa face aux insultes et aux provocations, mais ce match nous conforte dans cette idée.
Le mot de la fin à l’écrivain algérien Yasmina Khadra, qui a si bien résumé cette communion entre les deux peuples, en écrivant sur son compte Facebook, «nous avons gagné le match. Les Marocains ont gagné notre respect».