En vérité, ces derniers jours, j’ai été un peu loin d’ici, et là où j’étais, j’avais d’autres mauvais joueurs à fouetter. Je ne vous en dirai pas plus. Peut-être une autre fois… Par contre, je ne vais pas vous mentir, féru de l’actu, j’ai vu accidentellement à la télé les escarmouches parfois très moches entre des supporters d’équipes adverses. Ces batailles d’un autre temps sont la preuve que c’est moi qui ai raison.
En effet, quand le sport devient source de division, de haine et de guerre, il vaut mieux changer de terrain. Bon, moi, je n’ai rien vu car ça ne m’intéresse pas des masses, par contre les autres, et pas seulement les masses, ils ne voient que ça et ne parlent que de ça. Même la flambée des prix des produits de première nécessité comme les gâteaux au miel pur, les crevettes que ce soit les royales ou les normales, l’agneau de lait UHT et, bien sûr, les œufs, car il n’y a pas qu’eux qui mangent des œufs, ne semble pas trop les déranger.
Bref, Il n’y a que le foot, toujours le foot et rien que le foot. Enfin, pour être honnête, il y a le foot et le ftour : le foot avant le ftour, le foot pendant le ftour et le foot après le ftour. Ces 2 mots, foot et ftour, ont probablement la même racine. D’ailleurs, dans le foot, il y a aussi beaucoup à boire et à manger. Et à ce propos, j’ai entendu dire qu’il y a certains présidents de clubs de foot chez nous, et qui vont peut-être se reconnaître, qui gèrent leur équipe comme une cuisine. En effet, dans une cuisine, il y a toujours plein de marmites, on y mange tout ce qu’on veut et autant qu’on veut, on donne à qui on veut, aux uns beaucoup, à d’autres juste ce qu’il faut, et enfin, aux autres, ce qui reste, c’est à dire très peu. Après on peut partir à tout moment ou quand on veut en laissant souvent pour ne pas dire toujours, des casseroles jamais propres.
Au fait, de quoi je voulais vous parler ? Ah oui, de ftour. Vous voyez ? J’ai très vite bifurqué sur le foot. Le ftour, que voulez vous que je vous en dise ? Si je devais résumer ce concept très national et très spécifique, je vous dirai que le ftour, c’est 5 h de réflexion, 5h de préparation et 5 mn de consommation. Voilà, j’ai tout dit. Quant au foot pendant le ftour, je trouve finalement que c’est une opportunité unique dont on devrait tous profiter. Parce que, au moins quand on regarde le foot pendant le ftour, on ne regarde pas la télé ou plutôt nos télés.
Vous allez me dire que critiquer la télé pendant le ramadan, c’est devenu très commun, c’est-à-dire un cliché. Oui, mais, comme je dis souvent à mes amis cinéastes, le problème n’est pas d’utiliser un cliché, autrement dit un fait social ou autre redondant et connu de tous, mais de l’utiliser d’une manière primaire, donc, caricaturale. Moi, par exemple, si je voulais – mais je ne le veux pas - critiquer les programmes pré et post-ftour, je me contenterai de dire qu’ils ne sont que le reflet de ce que nous valons chez nos programmateurs et nos diffuseurs : des moins que rien. Donc, pour moi, les regarder, c’est accepter d’être sous-évalué et méprisé.
Vous, vous faites ce que vous voulez, mais moi ça fait plusieurs années que je fais la grève de zèle : je ne regarde pas ces programmes. J’ai même réussi, quand je suis invité par exemple chez de la famille ou chez des amis, à feindre de regarder avec eux la télé, alors que mon esprit est sur absolument autre chose. Je ne vous dirai pas quoi, mais en tout cas, c’est mille fois plus appétissant, et mille fois moins abrutissant.
D’ailleurs, pour ne pas vous abrutir encore plus avec cette chronique, je vais vous la faire plus courte que d’habitude, et je vais vous dire tout de suite vivement des télés moins méprisantes et plus intelligentes, et, bien sûr, vivement mardi prochain.