Cette semaine, j'ai décidé de ne pas vous parler de Benky. Il a déjà assez de soucis – pas de jeu de mots s'il vous plaît! - et je ne vais lui en rajouter. De plus, je viens d'apprendre qu'il est enrhumé. Décidément! Cela dit, il paraîtrait que ça serait en train de se débloquer. On lui a donné un coup de main, et ce n'était pas de refus. Alors, souhaitons lui bonne chance car, qu'on l'aime ou pas, qu'on soit d'accord avec lui ou non, on a besoin de lui et de son prochain gouvernement, ne serait-ce que pour aider cette sacrée démocratie que nous essayons tant bien que mal de construire tous, enfin, pas tout à fait tous, mais ça, c'est une autre histoire...
Donc, laissons-le tranquille, le pauvre, car il va avoir une semaine très chargée. Je crois que pour lui, le réveillon, c'est cuit. En tout cas, je ne pense pas qu'il soit une personne qui réveillonne ou qu'il soit porté sur les soirées olé olé. Quoique, après avoir visionné récemment une vidéo, il semble aimer la bonne musique et il va même jusqu'à pousser la chansonnette. Mais, entre nous, heureusement qu'il n'a pas choisi cette voie...
En fait, je ne vais pas parler de lui, mais d'un de ses anciens ministres, toujours en fonction, «affaires courantes» obligent. Il s'agit de M. Belmokhtar. Il n'était pas le plus mauvais et je l'aimais bien ne serait-ce que parce que beaucoup de monde lui tapait constamment dessus.
Mais là, après ce qu'il vient de faire, je vais être obligé de l'engueuler un peu et même beaucoup parce qu'il le mérite. Vous savez ce qu'il a fait? Il a inscrit dans le programme officiel de la première année du bac, un manuel qui qualifie la philosophie d'être, je cite «une production de la pensée humaine contraire à l'islam et qui représente le comble de l'insignifiance et de la dépravation». Je continue? «C'est la matière du trouble et de l'égarement qui est motivée par la perversion et le blasphème». Attendez, j'ai laissé le meilleur du pire pour la fin: «Quiconque s'y adonne sera détourné des bienfaits de la charia et celui qui s'en inspire sera possédé par Satan et ne croira plus à la prophétie de Mohamed».
Voilà, cette fois-ci, j'ai fini. Je ne sais pas ce que vous pensez de cette affaire, mais moi, en tant que grand amoureux de la philo pour laquelle j'avais opté pour mon bac en laissant tomber les maths où j'étais quand même, un peu malgré moi, très fort, je ne vous cache pas que dès que j'ai lu l'info, je me suis senti soudainement impie. Et vous savez bien que certains musulmans qui se sont autoproclamés gardiens du temple sont impitoyables avec les impies. Oh que j'a peur !
Blague à part, cette histoire est inacceptable et d'ailleurs les enseignants de philo sont montés tout de suite au créneau pour dénoncer ce dérapage qui veut nous ramener au Moyen Age. En vérité, si je réfléchis un peu, je ne pense pas que le ministre de l'Education nationale soit directement responsable de cette grosse bourde. Je crois connaître un petit peu le monsieur et ses idées modernistes et libérales et j'ai vraiment beaucoup de mal à croire qu'il soit derrière cette imbécillité historique.
En revanche, je suis persuadé qu'au sein de ce ministère budgétivore où ça ne va jamais très fort, il existe des gens qui font tout pour tenter de faire tourner la roue vers l'arrière. En d'autres termes, des réactionnaires. La preuve, c'est la déclaration d'un des cabinards du ministre, et qui n'en a plus pour longtemps, dans laquelle il défend le maintien de ce manuel «pour ne pas favoriser la philosophie au détriment du cours de l'éducation islamique».
Mais pourquoi Bon Dieu ont-ils si peur de la pensée philosophique? L'islam serait-il si fragile au point de craindre jusqu'à l'acte de penser?
Ah! J'ai oublié de vous préciser que la citation sus-citée et qui a suscité à juste raison la colère des profs de philo est une fatwa d'un certain salafiste qui répond au nom, enfin, qui répondait parce qu'il est mort – heureusement - au VIIIe siècle, donc en plein Moyen Age, bref, ce mec-là s'appelait Salah Ibnou Achahrazouri. A vos souhaits !
Personnellement, je n'ai pas plus d'enfants en âge d'être scolarisés, mais je n'aimerais pas que ma petite- fille, ni tous les autres enfants de ce pays, subissent un jour le diktat idéologique et archaïque de technocrates qui se trompent d'époque et qui n'ont rien retenu des leçons de l'Histoire parce qu'ils sont tous des cancres qui méritent d'être renvoyés.Vivement un bon coup de balai, vivement l'année prochaine et vivement mardi prochain!
Très bonne année à tous!