Ils sont 670 et ce n’est pour l’heure qu’une première liste d’artistes et de créateurs marocains à se mobiliser, via une pétition, intitulée «Les artistes et les créateurs marocains font confiance aux institutions de leur pays», contre un premier appel, lancé le 10 août dernier, dénonçant «plusieurs cas d’emprisonnement politique, de harcèlement et de répression» au Maroc.
Initiée par Mohamed Melehi, artiste-plasticien, Moulay Ahmed Alaoui, compositeur, auteur et chef d’orchestre, et Rachid Andaloussi, architecte, la pétition des 670 créateurs marocains, dont le nom et la qualité sont précisés, devrait susciter l’adhésion d’autres signataires.
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Dans le texte de leur pétition, les signataires déplorent «que la majorité écrasante des noms qui constituent les 400 signataires de cette pétition (la première, Ndlr) ne sont pas à proprement parler des artistes connus pour avoir composé, écrit, peint ou sculpté des œuvres ou pour avoir enrichi le patrimoine culturel et artistique au Maroc par une de leurs créations». «Nous déplorons également l’exploitation qui a été faite de cette pétition, laissant croire qu’un grand nombre d’artistes marocains en approuvent le contenu», lit-on encore.
La preuve, nous explique Mohamed Melehi, les nombreux retraits de signatures d’artistes ayant adhéré «par erreur» au contenu du premier texte. «Cela signifie qu’il y a eu de la précipitation ou une mauvaise appréciation. Mais nous avons tous le droit à l’erreur. Et justement, l’idée à l’origine de la deuxième pétition est de rectifier les choses et de dénoncer un postulat foncièrement malveillant», nous déclare-t-il.
Un des nombreux signataires de cette deuxième pétition, Haj Younès, s’explique: «j’ai signé à deux mains cet appel parce que je ne me reconnaissais absolument pas dans le premier. Il était essentiel de corriger la perception que la pétition dite des 400, dont 90% des signataires ne sont pas des artistes, pouvait laisser entendre, à savoir l’existence d’un climat de répression au Maroc. Ce qui n'est pas vrai».
«Engagés pour un Maroc meilleur», les signataires du deuxième manifeste s’insurgent ainsi contre le caractère non équilibré et volontairement à charge contre les institutions de l’Etat et contre «l’instrumentalisation faite en notre nom, laissant croire que les artistes et les créateurs de ce pays sont mobilisés par centaines contre une prétendue répression des libertés, et induisant ainsi en erreur l’opinion publique nationale et internationale».
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«Nous appelons à une critique constructive et non à des postures qui apportent seulement du grain à moudre à ceux qui ciblent notre pays», précisent les signataires, dont bon nombre se sont engagés en faveur des libertés pendant les années de plomb et affirment, de ce fait, mesurer tout le chemin parcouru par le Maroc en matière de droits de l’homme.
Le manifeste rappelle à cet égard que la liberté d’expression et de création, les libertés de pensée, de réunions, de rassemblement, de manifestation pacifique, d’association et d’appartenance syndicale et politique sont des droits garantis par la Constitution du Royaume.
Le nombre des signataires de cette dernière pétition est appelé à grandir davantage au cours des prochains jours. Un de ses initiateurs, l’architecte Rachid Andaloussi, nous précise à cet égard que cette action ne concerne que les artistes et créateurs, dans le sens strict du terme.
«Nous avons retenu uniquement les artistes et créateurs dans la collecte des signatures. Nous avons autour de nous plusieurs personnes, comme des galeristes et des acteurs culturels, qui voulaient prendre part à cette initiative mais nous avons préféré nous limiter aux auteurs des œuvres», explique-t-il.
Dans la première liste des signataires de la pétition intitulée «Les artistes et les créateurs marocains font confiance aux institutions de leur pays», on trouve les pionniers de l’art et de la création marocains, ainsi que des grands noms de la chanson marocaine comme Abdelewahab Doukkali, Abdelhadi Belkhayat, Naïma Samih, Latifa Raafat, Nouamane Lahlou, Mohamed El Ghaoui et Mahmoud Idrissi.
Ont également signé la pétition de grands noms de chanson populaire comme Hajja Hamdaouia, Omar Sayed, Najat Aatabou, Abdelaziz Stati et Zina Daoudia.
Des compositeurs et des producteurs de musique de renom ont eux aussi signé la pétition, à l’instar de RedOne, Hassan Al-Qadmiri et Abdelati Amana.
Des artistes plasticiens de renommée internationale, comme Mohamed Melehi, Abdelkebir Rabi, Mehdi Qotbi, Ikram Kabbaj et Najia Mehadji ont adhéré à la pétition.
Des écrivains et poètes, comme le poète Mostafa Nissabouri, co-fondateur de la revue «Souffles» et l’écrivaine Rajae Benchemsi font eux aussi partie des pétitionnaires.
La communauté des architectes s’est également mobilisée dans cette pétition, à travers des signataires comme Rachid Andaloussi, Fikri Benabdellah et Rachid Boufous.
Des cinéastes comme Lahcen Zinoun, Mohamed Chouika et Idriss Rokh ont signé.
Dans le stylisme et le design, on retrouve parmi les signataires des noms connus, comme Fadela El Gadi, Albert Oiknine et Hicham Lahlou.
Le milieu des acteurs et des dramaturges a répondu présent, avec des noms comme Mohamed El Jem, Nouzha Regragui, Abdelkhalek Fahid et Naïma Ilyass.
Dans la liste des premiers signataires de la pétition, sont rassemblées ainsi les forces vives de la création et de l’art au Maroc.