A l’occasion des Journées du Patrimoine, la bibliothèque de l’Institut du monde arabe à Paris, l’IMA, a organisé une présentation d’ouvrages intitulée «Rimbaud d'Arabie, ou les aventures d'un poète entre les deux rives de la mer Rouge» afin de permettre aux visiteurs et aux lecteurs de (re)découvrir la dernière partie de la vie du poète, passée entre l’Arabie et l’Éthiopie.
Loin, bien loin, comme un bohémienAprès avoir produit une œuvre d’une densité rare à l’âge de 20 ans seulement, Arthur Rimbaud, «l’homme aux semelles de vent», passionné par l’Orient se consacre aux voyages et à l’apprentissage des langues étrangères.
Son engagement dans l’armée coloniale néerlandaise lui permet, en 1876, de voyager jusqu’à Java. Puis, parti pour l’Egypte, il cherche à se faire employer dans les ports de commerce, mettant en avant sa connaissance des langues. Enfin, en 1880, il signe un contrat avec la Maison Vianney et Bardey pour s’occuper du commerce du café, de l’ivoire et des peaux à Harar, ville à l’est de l’Éthiopie actuelle. Cette activité commerciale façonne les dernières années de sa vie qu’il passe entre Aden et la côte africaine, sur les deux rives de la mer Rouge. Ses tentatives de prendre part au trafic d’armes s’avèrent peu fructueuses. En 1888, il ouvre à son propre compte un comptoir à Harar. Mais deux ans plus tard, affaibli par la maladie, il est obligé de quitter l’Afrique.
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Rimbaud l’OrientalL’intérêt particulier pour Rimbaud dans le monde arabe peut s’expliquer par les liens étroits qu’il eût avec celui-ci durant les dernières années de sa vie. Si les chercheurs ne sont pas d’accord sur l’éventualité de sa conversion à l’Islam, son intérêt marqué pour cette religion est néanmoins avéré.
En effet, plusieurs exemplaires du Coran lui ayant appartenu sont connus, dont celui conservé dans les fonds patrimoniaux de la bibliothèque de l’IMA. Cette année, à l’occasion des Journées du patrimoine, l’IMA a présenté au public un Coran dont Rimbaud a fait l’acquisition lors de son séjour en Abyssinie, entre 1854 et 1934. Ce Coran, imprimé en 1865 est un ouvrage lithographié et recouvert de cuir de chèvre. L’imprimerie Heydari qui a produit cet exemplaire du Coran faisait partie des grandes imprimeries lithographiques indiennes. Elle appartenait à la famille Pulbandari et publiait des ouvrages en arabe, en persan et en ourdou.
Autre document tout aussi précieux, une lettre inédite en arabe qui se trouvait entre les pages de ce Coran, et adressée à Arthur Rimbaud par l’abban Fârih Kali, un chef de caravane employé par Rimbaud en Ethiopie dans les années 1880.
«Si l’arabe négligé de cette lettre n’en facilite pas la compréhension, on saisit tout de même que Rimbaud avait des dettes envers plusieurs personnes et que Fârih Kali, servant ici d’intermédiaire, lui réclamait l’argent nécessaire pour régler cette situation», explique l’IMA.