L’Académie des Oscars s’est publiquement excusée, le vendredi 28 mars, après avoir été dénoncée par des centaines de professionnels de Hollywood pour son manque de soutien envers le réalisateur palestinien Hamdan Ballal, récemment attaqué par des colons et arrêté par l’armée israélienne.
Après avoir reçu l’Oscar du meilleur documentaire début mars pour «No Other Land», un long-métrage sur la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, Hamdan Ballal a été violemment agressé par des colons israéliens en début de semaine. Il a ensuite été placé en détention par les autorités israéliennes, avant d’être libéré le mardi 25 mars.
Contrairement à de nombreuses instances de l’industrie cinématographique mondiale, qui ont immédiatement dénoncé son traitement, l’Académie des Oscars (The Academy of Motion Picture Arts and Sciences) est d’abord restée silencieuse. Elle a ensuite publié un timide communiqué, où elle condamnait la violence contre les artistes, sans mentionner spécifiquement Hamdan Ballal.
Après une réunion de crise, elle a finalement envoyé, vendredi soir, une lettre à ses membres pour rectifier sa position. «Nous nous excusons sincèrement auprès de M. Ballal et de tous les artistes qui ne se sont pas sentis soutenus par notre précédente déclaration», indique-t-elle dans ce courrier. «L’Académie condamne toute violence de ce type, où que ce soit dans le monde. Nous abhorrons la suppression de la liberté d’expression, quelles que soient les circonstances», précise sa direction.
La réaction initiale de l’institution avait provoqué la polémique à Hollywood. Plus de 700 membres de l’Académie, parmi lesquels les acteurs Joaquin Phoenix, Mark Ruffalo, Penelope Cruz et Richard Gere, ou encore les réalisateurs Ava DuVernay et Alfonso Cuarón, ont signé une lettre dénonçant son attitude trop timorée.
«Il est indéfendable qu’une organisation récompense un film la première semaine de mars, puis ne défende pas ses réalisateurs quelques semaines plus tard», estimaient-ils, en condamnant «l’agression brutale et la détention illégale» de M. Ballal. Pour eux, la direction de l’Académie était «loin d’être à la hauteur des sentiments qu’appelle ce moment».
«No Other Land» chronique le déplacement forcé de Palestiniens par les troupes israéliennes et les colons à Masafer Yatta, une région de Cisjordanie occupée qu’Israël a déclarée zone militaire restreinte dans les années 1980. Malgré son Oscar, le documentaire a toujours du mal à trouver un distributeur aux États-Unis.
Après sa libération, le réalisateur a assuré avoir été pris pour cible à cause de son documentaire. Il a expliqué à l’AFP avoir été attaqué par des colons tandis que des soldats pointaient leurs armes sur lui. «J’ai cru vivre mes derniers instants à cause de la violence des coups. (...) Je pense que c’était parce que j’ai gagné l’Oscar», a-t-il déclaré mercredi dans le village de Soussiya, dans le sud de la Cisjordanie occupée. Pendant sa détention, les soldats mentionnaient son nom et le mot «Oscar» lors des changements de garde, a-t-il raconté.
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