Ce 18 novembre à Marrakech, il y avait salle comble pour assister à la rencontre In conversation with qui avait pour invité d’honneur le réalisateur iranien doublement oscarisé Asghar Farhadi.
Face au public composé d'étudiants en cinéma, de réalisateurs et de journalistes, celui-ci s’est dit solidaire du mouvement de contestation qui agite actuellement l’Iran depuis la mort de Mhasa Amini, le 22 septembre dernier.
«Je veux saisir cette occasion pour saluer mon peuple et le courage de ceux qui se battent pour prendre en main leur destin. Comme tous les Iraniens, je suis suspendu aux nouvelles et rempli de tristesse, mais aussi d'espoir. Car je sais que cette lutte aboutira», a-t-il déclaré sous un tonnerre d'applaudissements.
L'Iran fait face à un «moment extrêmement décisif», a poursuivi pour l’AFP le réalisateur, qui estime que ce «ne sera plus le même pays» après le mouvement de protestation actuel.
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«La question est de savoir comment ces mouvements et ces protestations vont se terminer. Et l'unité nécessaire entre les Iraniens, pour que le pays puisse aller de l'avant, sera-t-elle maintenue?», s’est interrogé le réalisateur de 50 ans qui a remporté de nombreux prix prestigieux, dont les Oscars 2012 et 2017 du Meilleur film en langue étrangère, pour respectivement Une Séparation et Le Client.
Une prise de position très courageuse pour Farhadi, qui, en osant s’opposer publiquement aux autorités de Téhéran, encourt des sanctions du régime, à l’instar de Jafar Panahi, réalisateur de Taxi Téhéran et de Aucun ours, qui, pour avoir soutenu le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique, a été arrêté pour propagande contre le régime. Il s’est vu condamner en 2010 à 6 ans de prison et 20 ans d’interdiction de réalisation et d’écriture de films, ainsi que d’une interdiction de voyager ou de s’exprimer dans les médias.