Abdelhay Laraki a décidé de poser sa caméra à Fès, sa ville natale. Pour la première fois, ce réalisateur marocain, après qu’on lui ait reproché de n’avoir tourné aucun film dans cette cité millénaire, s’est enfin prêté au jeu. «Je voulais un bon sujet, pour un film tourné dans cette ville», déclare pour Le360 le cinéaste en marge de l’avant-première de «Fez Summer 55» organisée mercredi 10 janvier au Megarama de Casablanca, la veille de la sortie nationale.
Deux jours avant, Abdelhay Laraki et toute son équipe étaient à Fès justement où un chaleureux accueil leur a été réservé. «C’était important pour moi de présenter ce film d’abord à Fès, là où il a été tourné», explique le cinéaste. Ce nouveau long-métrage est une fresque historique. Le sujet? La lutte pour l’indépendance du Maroc, la résistance, le combat contre la régence de Ben Arafa et le combat pour le retour du Sultan Mohammed Ben Youssef, Mohammed V, après son exil forcé.
Un pan de l’histoire du Maroc colonisé qu’Abdelhay Laraki connaît bien. «C’est quelque chose que je porte en moi depuis bientôt cinquante ans. Depuis que je suis rentré à l’école de cinéma, j’avais un désir de faire ce film, mais je n’avais jamais pu trouver l’angle pour attaquer le sujet. Parler de l’indépendance du Maroc, d’un sujet qui est aussi ancré dans l’imaginaire des gens, c’est très difficile», lance le réalisateur avant de plonger dans ses souvenirs: «En 1955, j’avais six ans. J’ai vécu par exemple l’histoire du Sultan aperçu sur la lune. J’ai vu mes oncles qui rentraient planquer les armes chez mon grand-père. J’ai vécu des choses que je voulais mettre à l’écran, mais je n’avais pas encore trouvé l’angle d’attaque pour en parler.»
Mais le déclic finira par avoir lieu. «Lors d’une soirée de mariage à Fès, des nationalistes m’ont raconté l’histoire d’un enfant de 11 ans qui passait les armes aux résistants, de toit à toit, via les terrasses de l’ancienne médina, il avait un don... Et, de là, mon film est né».
Cet enfant, fil rouge de «Fez Summer 55», est interprété par Ayman Drioui qui a su camper le personnage de Kamal avec brio dans ce film choral. Sans exception, les acteurs tels Mounia Lemkimel, Oumaima Barid, Mohammed Ater, Nabil Atef étaient tous très motivés pour faire partie de l’aventure dans ce film captivant. Et le résultat est là. Les comédiens se sont surpassés.
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«Dès que j’ai lu le scénario, je suis tombée raide dingue de mon personnage, celui de Aïcha, et j’étais partante pour interpréter ce rôle. C’est un personnage au caractère fort. Un vrai challenge pour moi», déclare Oumaima Barid, révélée par Sophia Alaoui dans «Animalia».
À son tour, Mounia Lemkimel campe dans ce film le personnage de Zohra qui l’a beaucoup émue. «C’est un rôle qui m’a touchée particulièrement, puisque je joue le rôle de Zohra, et c’est le personnage de ma grand-mère, celle qui m’a élevée», témoigne cette actrice, la plupart du temps emprisonnée dans des rôles comiques. «C’est un personnage révolutionnaire qui m’a donné la chair de poule».
La même chair de poule est ressentie via plusieurs séquences de ce film comme celle où Zohra danse avec son fils Kamal et se voit aussi belle que l’actrice égyptienne Asmahane...