C’est une belle nouvelle pour le monde des arts et de la culture au Maroc, particulièrement fragilisé par les restrictions sanitaires, liées à la pandémie de Covid-19, qui ont mené à la fermeture des salles de cinéma, à la non-tenue des festivals et à des difficultés de tournages.
Alors que se profile un allègement des mesures de sécurité à travers le monde, le festival de Cannes vient de dévoiler la sélection officielle des 23 films qui concourent pour la palme d’or de cette 74e édition, et parmi ceux-ci Haut et fort, réalisé par Nabil Ayouch et dont le scénario a été écrit en collaboration avec Maryam Touzani.
Ce n’est pas la première fois que le réalisateur marocain foule le tapis cannois, car plusieurs de ses films y ont été présentés, mais aussi récompensés. On pense notamment au film Les Chevaux de dieux, présenté dans la section «un certain regard», qui a reçu le prix Prix François-Chalais du Festival de Cannes 2012.
Mais cette fois-ci, c’est dans la sélection officielle que ce film marocain figure parmi les 23 films qui seront en compétition du 6 au 17 juillet prochain.
Nabil Ayouch, qu’avez-vous ressenti en apprenant la nouvelle de la sélection de votre film à Cannes?Je n’en revenais pas… Je suis sur un petit nuage et je ressens surtout une immense fierté et un immense bonheur pour les jeunes acteurs du film, pour l’équipe, pour le cinéma marocain, pour le Maroc. Cela fait des années qu’on attendait ça et je suis très heureux pour tous les collègues cinéastes. J’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres derrière.
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Parlez-nous de votre film Haut et fort...C’est l’histoire d’un prof, un ancien rappeur, qui débarque un jour dans un centre culturel à Sidi Moumen (Casablanca), pour y transmettre à des jeunes qui sont dans ce même centre, sa passion pour le hip hop et leur apprendre à s’exprimer à travers cet art et cette culture.
Vous castez souvent pour vos films des acteurs non professionnels. Comment s’est passé le casting de ces jeunes? Ils ont tous du talent que ce soit pour la danse et le rap, mais ils ont avant tout été sélectionnés pour leurs compétences à interpréter un personnage.
Ce n’est pas la première fois que vous tournez à Sidi Moumen. Pourquoi avoir choisi à nouveau ce lieu?En effet, j’ai tourné des documentaires au milieu des années 90 là-bas, sur les micro-crédits et j’avais tourné aussi toutes les scènes du début Ali Zaoua en 1999. Cette fois-ci, j’ai voulu y tourner parce que le centre culturel de la fondation Ali Zaoua est là-bas et 80% des scènes du film se passent dans le centre. Filmer à Sidi Moumen, dans ce centre, c’était une manière de mettre en avant le talent de cette jeunesse marocaine, de montrer à quel point les arts et la culture peuvent transformer les jeunes et nous transformer nous, en changeant de regard, et enfin de montrer à quel point ils sont beaux, à l’intérieur et à l’extérieur.
Comment s’est passé le tournage du film au vu des restrictions imposées par la pandémie?J’ai commencé à tourner ce film il y a trois ans et le tournage s’est étalé sur plusieurs années avec des interruptions et des reprises. Le film était prêt l’année dernière, mais avec la pandémie, l’annulation du festival Cannes, les salles de cinéma fermées, j’ai préféré attendre.
Cette année, le festival de Cannes ne sera pas virtuel. Qui vous accompagnera sur le célèbre tapis rouge du festival?Cette fois-ci en effet, et c’était tout l’intérêt d’attendre, ce sera un festival physique. On va prendre l’avion, on va tous y aller, avec l’équipe et les jeunes. On est parti pour ça, on se bat pour ça. C’est un autre parcours qui commence, mais l’idée est d’emmener le plus de monde possible.
Quid de la sortie en salle du film?Je n’ai pas encore de date précise, mais le film sera assurément en salle à la rentrée au Maroc et à l’étranger.