Ma fille raconte l'histoire de Hakim et Latifa qui ont fui la guerre civile algérienne au début des années 90. Ils vivent depuis dans le Jura en France, avec leurs deux filles: Nedjma, 14 ans et Leïla, l’ainée, partie suivre ses études de coiffure à Paris. Sauf que Leïla disparaît sans prévenir. Hakim et sa fille Nedjma partent ainsi à sa recherche. Commence alors le voyage d'un père, dans un Paris méconnu, en pleine nuit et sur fond de non-dits. Entretien avec Roschdy Zem, qui joue le rôle de Hakim.
La bande-annonce du long-métrage Ma fille.
Finalement, que raconte Ma Fille et quelle en est la toile de fond?En dehors de l'histoire d'un père immigré et vivant dans la province française qui part à la recherche de sa fille dans un Paris qu'il ne connaissait pas, le film est un prétexte pour traiter ce fossé qui sépare l'ancienne et la nouvelle génération des familles immigrées. Nous avons d'un côté cet amour inconditionnel de l'ancienne génération, mais qui fonctionne suivant les codes du pays d'origine et, de l'autre, une demande brutale d'émancipation de la nouvelle génération. Entre les deux, les mots manquent et les décisions prises par les uns sont forcément brutales pour les autres. Ma Fille est également un film sur l'amour paternel et sur ce qu'un père peut ressentir ou faire envers les siens.
A l'image de Ma fille, la thématique de l'immigration revient souvent dans les films dans lesquels vous jouez ou ceux que vous réalisez. Etant vous-même issu de l'immigration en France, qu'est-ce que ce sujet évoque pour vous?Il ne s'agit pas de l'immigration en tant que tel mais de ses déclinaisons. Comme pour Ma Fille, le but est de raconter non pas le déracinement tel que les précédentes générations l'ont vécu, mais de relayer de manière plus intime les conséquences de ce déracinement et comment celui-ci se vit au jour le jour. Parmi ses conséquences, il y a les sentiments mitigés tant par rapport au passé qu’au présent et, surtout, la confusion dans la relation entre les générations.
Vous êtes aussi réalisateur. Comment est venu ce choix de passer derrière la caméra et pour répondre à quel besoin?J'en suis effectivement à mon cinquième film en tant que réalisateur, mon dernier travail, Persona Non Grata, étant actuellement en cours de montage et la sortie étant prévue début 2019. Pour moi, être réalisateur est complémentaire par rapport à mon travail d'acteur et depuis 2005, je m'aperçois à quel point j'ai besoin de passer par cette étape pour approfondir mes rôles d'acteur. Ce basculement a d'ailleurs changé mon approche, devenue notamment plus rigoureuse.
La prochaine rentrée vous verra également figurer dans une série télévisée, Aux animaux la guerre, dont la diffusion est prévue sur France 3. Un effet de mode ou un choix justifié?Je suis très attentif à ce qui se passe, notamment le développement que connaissent les plateformes dédiées à ce segment sur la Toile et je voulais apporter ma pierre à l'édifice à travers une série qui plus est m'interpelle à plus d'un titre: une personne fragile évoluant dans l'univers syndical, dans une entreprise en déclin et une région sinistrée... Une série permet de travailler sur une plus longue durée et donc d'atténuer nombre d'émotions, qu'elle laisse par la suite grandir peu à peu. Le temps étant plus étiré, on s'autorise ainsi à amener plus de choses. Pour moi, c'est rassurant.