Il y a quelques semaines, l’annonce de la tenue d’une vente aux enchères, organisée le 30 mai 2021 par la maison de vente Artcurial à Marrakech, entraînait une vague d’indignation au Maroc. Cause de cette polémique, la présence dans le catalogue de la vente d’intégrations réalisées par les artistes plasticiens Mohamed Melehi et Mohamed Chabâa lors de la construction de l’hôtel Les roses du Dadès par le duo d’architectes Patrice de Mazières et Abdeslam Faraoui.
La polémique entraînée par cette vente a mis le feu des projecteurs sur d’autres hôtels où Mohamed Melehi et Mohamed Chabâa ont réalisé des œuvres d’art. C’est le cas de l’hôtel Ibn Toumert, à Taliouine, également signé par Patrice de Mazières et Abdeslam Faraoui, où Le360 s’est rendu dans l’espoir de filmer les intégrations de Melehi et de Chabâa et partant, d'attirer l’attention sur l’importance de les sauvegarder.
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A Taliouine, la culture aux oubliettesA la (re)découverte de cet hôtel, construit en 1975 et qui a vécu ses heures de gloire pendant plus de 30 ans, un seul mot vient à l’esprit: désolation. L’hôtel est en effet fermé depuis 2013 et il n’est pas possible d’accéder à l’intérieur, ni pour constater si les œuvres de Melehi et de Chabâa sont encore à leur place, ni dans quel état elles se trouvent.
Cœur battant de Taliouine, dans la région de Taroudant, l’hôtel qui attirait de grandes personnalités de différents domaines, est aujourd'hui réduit à l’état d’établissement-fantôme depuis sa fermeture en 2013 pour des raisons économiques, expliquent ainsi les témoins de sa déchéance face caméra pour Le360.
Les espoirs de la population locale sont pourtant toujours suspendus aux autorités compétentes pour relancer et réhabiliter cette unité hôtelière qui a assuré, à elle seule, la promotion du développement local pendant trois décennies.
Ibrahim Tawfiq, historien de la région, explique ainsi pou Le360 que l’emplacement de cet hôtel quatre étoiles, qui dispose de 112 chambres, n’était pas anodin. Et pour cause, sa proximité avec la Kasbah de Thami El-Glaoui et sa vue imprenable sur la vallée en faisait un endroit incontournable pour le tourisme, sans compter son positionnement stratégique entre Agadir et Ouarzazate.
Véritable cœur battant de la région, c’est aussi pour les activités culturelles et artistiques qu’il abritait que l’hôtel Ibn Toumert attirait de nombreux visiteurs, parmi lesquelles de grandes personnalités politiques, des hommes d’affaires, des artistes, écrivains et cinéastes…
Quid des intégrations réalisées par Mohamed Melehi et Mohamed Chabâa et qu’abritait cet hôtel? Sont-elles toujours en place? Dans quel état sont-elles? Cela fait huit années que l’hôtel est fermé, et il faut se rendre compte de l’état des œuvres patrimoniales qui s’y trouvent.
Il appartient au ministère de la Culture de se pencher sur cette question en diligentant une mission, en vue de sauvegarder les œuvres. Avant qu’une nouvelle polémique n’éclate.