Très ému par la disparition de Hajja Hamdaouia, survenue dans la nuit du 4 au 5 avril 2021, André Azoulay, conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, s’est remémoré pour Le360 les souvenirs qu’il garde en mémoire de cette grande dame de la chanson populaire marocaine.
"J’ai dû entendre le premier concert de Hajja Hamdaouia il y a bien longtemps. Elle est depuis toujours restée dans mon imaginaire… où que je sois. Elle était recherchée et adulée par les grands, aimée par nous tous et était l’icône du peuple. Elle avait réussi cette synthèse dans le temps, l’espace et à travers les générations. Comme tous ses aficionados, je suis triste qu’elle nous ait quittés. Je pense à elle avec joie, plaisir, gourmandise, fierté parce que elle incarnait ce Maroc à la fois du talent, et pour elle je peux le dire, d’audace aussi, car elle n’a jamais été frileuse, à la fois dans le texte et sur la scène".
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En sa qualité de président-fondateur de l’Association Essaouira-Mogador, organisatrice du festival des Andalousies Atlantiques d’Essaouira, André Azoulay a également été le témoin privilégié d’une rencontre musicale unique en son genre, celle de Hajja Hamdaouia et de Raymonde El Bidaouia, deux divas de la chanson populaire marocaine, sur la scène de la 15e édition de ce festival.
"Ce concert qu’elle nous a donné à Essaouira, en octobre 2018, était au-delà de tout ce qu’on pouvait espérer vivre en une seule soirée" se remémore André Azoulay en évoquant, avec tendresse, "deux personnalités de la scène, exceptionnelles, chacune à sa façon, mais en même temps, tellement proches et fortes dans le partage".
"Elle nous donnait l’image de ce Maroc à la fois enraciné dans la tradition, mais d’une exceptionnelle modernité dans la créativité, dans le charisme" poursuit André Azoulay au sujet de la diva du Chaâbi qui incarnait l’âme de la Aïta. "C’était un concert d’anthologie, il fera date dans les annales de la scène marocaine" pressent-il enfin. La foule qui se pressait ce jour-là devant cette scène mythique, symbole de ce Maroc du métissage et de la tolérance, s’en souviendra elle aussi pour toujours.
Mais le festival des Andalousies Atlantiques d’Essaouira gardera d’autres précieux souvenirs intimistes de Hajja Hamdaouia, laquelle s’était confiée un matin, dans le cadre d’un forum dédié à l’importance du lieu et du lien. Elle y avait raconté son parcours et André Azoulay en garde encore le souvenir d’"un dialogue époustouflant".
Face à elle, Raymonde El Bidaouia racontait à son tour "qu’elle n’aurait jamais atteint dans sa carrière ce degré de succès, de notoriété, ni réussi à traverser ainsi les générations s’il n’y avait pas eu Hajja Hamdaouia et ses chansons" se souvient André Azoulay, rappelant que Raymonde El Bidaouia "a interprété beaucoup des chansons de Hajja Hamdaouia". Autre souvenir de cette matinée de partage, ce chant a capella de toute beauté qui continuera de résonner à travers les âges…