Bien qu’ils ne constituent pas une unité économique, les pays du bassin méditerranéen partagent, peu ou prou, les mêmes intérêts pour ce qui est du développement du commerce et de l’investissement. Car, il en va de pair pour la stabilité d’une région sujette à de fortes pressions migratoires, sur fond d’incertitudes climatiques et énergétiques croissantes.
La logique voudrait que l’Europe, qui traverse en l’état actuel une crise énergétique, se recroqueville sur elle-même pour sécuriser, entre autres, ses approvisionnements en énergie. Force est de constater qu’au moment où certains observateurs prédisent la fin du libre-échange et de la mondialisation, les initiatives bilatérales et régionales n’ont jamais eu autant le vent en poupe.
C’est le propre du sommet organisé à Marrakech les 17 et 18 mai par l’Initiative équipe Europe (IEE) qui fédère l’UE, ses Etats membres, ses institutions financières, ainsi que le BEI et la BERD, et qui a pour objet d’encourager le «travail décent», le dialogue social et l’investissement dans les pays du voisinage sud. Cette action régionale parie sur la création d’emplois moyennant le développement du commerce et de l’investissement.
Après deux années marquées par une vague de licenciement à l’échelle mondiale, la création de l’emploi est au cœur de l’objectif, fixé à long terme, de la région euro-méditerranéenne. «Nous souhaitons mettre en place des mécanismes pour impliquer davantage les jeunes et les femmes dans la vie active», confie Nayef Stetieh, ministre du travail du Royaume hachémite de Jordanie, qui co-préside ce meeting avec l’UE.
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L’idée est de rompre avec le climat général d’incertitude qui conduit à l’inertie, en incitant davantage les économies de la rive sud méditerranéenne à revoir leur copie en matière d’emploi. A en croire les données de l’IEE, «Les jeunes sont trois fois plus susceptibles que les adultes de se retrouver sans emploi dans le voisinage sud. Et les femmes continuent d’être sous-représentées sur le marché du travail». Ainsi, le but d’une telle rencontre est de partager les bonnes pratiques en vue d’adopter des approches innovantes au niveau régional.
Dans ce sens, le Maroc, qui accueille ce rendez-vous co-présidé par l’Union européenne et le Royaume hachémite de Jordanie, a entrepris, avec la levée progressive des restrictions liées à la pandémie, une série de réformes indispensables pour relancer la machine économique. «Tous les pays ont besoin de réinventer leur approche. Nous avons la chance au Maroc d'avoir entrepris en ce sens le grand projet de la généralisation de la couverture sociale conformément aux orientations royales, les programmes d’urgence lancés pour atténuer les effets sur les populations vulnérables, sans oublier le dialogue social que beaucoup de pays nous envie», souligne Younes Sekkouri, ministre de l'Inclusion économique, de la Petite Entreprise et de l'Emploi et des compétences.
En effet, dans le contexte post-crise, le Maroc a mis en place moult programmes en vue de multiplier les offres de travail et solliciter la fibre entrepreneuriale chez les jeunes. A commencer par le programme Awrach déployé sur 68 provinces au profit 7.600 bénéficiaires (associations et entreprises) touchés par la pandémie.
Dans la même veine, le programme FORSA dont le premier bilan s’avère encourageant avec plus de 115.000 candidats reçus, et dont 75% sont issus de petites villes et des zones rurales. S’y ajoute la dernière charte d’investissement annoncée par l’exécutif et qui devrait à terme renforcer les dispositifs existants.