Aéroport Mohammed V: le chantier du Terminal 1 serait-il «maudit»?

Le360

Attendu pour fin 2017, l'achèvement des travaux du Terminal 1 de l'aéroport Mohammed V de Casablanca devrait finalement avoir lieu l'été prochain. Un nouveau décalage qui rappelle les déboires par lesquels est passé cet interminable chantier depuis son lancement en 2009.

Le 15/01/2018 à 14h01

Il faudra encore attendre six mois supplémentaires, au moins, avant que l’interminable chantier de réaménagement du Terminal 1 de l’aéroport Mohammed V de Casablanca ne soit achevé. C’est ce que vient d’apprendre le360 auprès de l’Office national des aéroports (ONDA). Les travaux présenteraient actuellement un taux d’achèvement de 95% et l’ouverture du terminal est désormais programmée pour l’été prochain pour porter la capacité de l’aéroport à 14 millions de passagers par an au lieu de 7 millions.

Pourtant, il y a moins d’un an, la date prévisionnelle de livraison était fixée à fin 2017 avec un taux d’avancement à l’époque de 90%. Quelques mois auparavant et suite à une visite de terrain de l’ancien ministre de l’Equipement, du transport et de la logistique, Aziz Rabbah, ce dernier annonçait fin 2016 comme date d’achèvement des travaux dans ce qui ressemblait plus à une déclaration «politique» qu’un délai raisonnable pour réellement finir ce qui restait à faire.

Cette confusion et le nouveau décalage de la date d’achèvement des travaux rappellent que le chantier du Terminal 1 restera sans nul doute dans les annales comme un des projets d’infrastructures qui ont connu le plus de ratages dans l’histoire du Maroc moderne, avec notamment les interminables ajournements de la date de son ouverture, depuis son lancement en janvier 2009.

Il devait initialement être livré fin 2013!A l’époque, il était question d’une durée de travaux de quatre ans, pour une livraison du chantier en décembre 2013. Cependant, après la finalisation en juin 2010 de la première tranche, qui consistait en l’aménagement d’une zone d’enregistrement et d’un circuit de départ de vols nationaux au niveau 0 du terminal, le projet est entré dans une phase interminable d’ajustements, puis de réajustements, au point où trois patrons se sont relayés à la tête de l’Office sans que le chantier n’aboutisse.

Au lancement, c’était en effet Abdelhanine Benalou qui présidait aux destinées de l’ONDA, avant qu’il ne soit remplacé, après le scandale révélé par la Cour des comptes l’ayant conduit en prison, par Dalil Gandouz. C’est d’ailleurs sous le mandat de ce dernier que le chantier a été arrêté et que les premiers dysfonctionnements ont été repérés. Quatre ans plus tard, en 2014, il n’était pas encore sorti de terre alors qu’un nouveau DG venait d’être nommé, à savoir Zouhair Mohamed El Oufir, l’actuel directeur l’ONDA.

C’est finalement sous le mandat de ce dernier que le chantier a réellement redémarré. «Le projet du terminal 1 de l’aéroport Mohammed VI a connu un arrêt prolongé de plus de 4 ans; situation à laquelle les travaux étaient à 15%. Grâce au soutien de tous les partenaires ainsi que des instances de tutelle, le projet a pu redémarrer fin 2014, après avoir trouvé des solutions à toutes les contraintes fonctionnelles, administratives, … qui entravaient l’avancement du projet», nous rappelle-t-on auprès de l’ONDA.

En fait, ce long feuilleton a démarré lorsque les responsables de l’Office, ainsi qu’une délégation ministérielle, se sont rendus compte que la configuration initiale retenue pour ce projet présentait plusieurs dysfonctionnements. A titre d’exemple, le fait de réaménager le terminal en cinq niveaux aurait eu de graves conséquences sur la fluidité des flux de passagers. Le projet aurait eu pour conséquence de bouchonner encore davantage le terminal alors que le réaménagement avait pour principal objectif de le désengrener et éviter qu’il n’arrive à saturation, compte tenu de la croissance continue que connaît le trafic.

1,6 milliard de dirham pour la vraie relanceC’est alors qu’une nouvelle étude est lancée et un long processus s’en est suivi pour arrêter un schéma permettant au terminal de fonctionner de manière optimale. Des actions «correctives» ont été lancées en 2012 et une enveloppe de 1,2 milliard de dirhams avait était budgétisée pour ce chantier, avec la perspective d’une ré-ouverture fin 2014. En cours de route, au sein de l’Office et des autorités de tutelle on se rend finalement à l’évidence que tout ce qui a été réalisé jusque-là devait être refait à zéro et que des ajustements ne suffisaient pas. C’est alors qu’un nouveau chantier est entamé quelques mois après la nomination de l’actuel DG, avec cette fois-ci un budget plus conséquent: «l’enveloppe budgétaire allouée à ce projet est de l’ordre de 1,65 milliard de dirhams», nous annonce-t-on auprès de l’ONDA, sachant que plusieurs centaines de millions de dirhams -qu’il est difficile de calculer d’une manière précise tant le chantier a connu des changements durant ces neuf années- avaient déjà été dépensées.

Alors cette fois-ci sera-t-elle la bonne et verra-t-on enfin le terminal 1 dans sa nouvelle version ? On le saura d’ici quelques mois. D’ici là, l’ONDA devra s’inspirer des erreurs du passé pour bien préparer le lancement de la deuxième phase de la stratégie de développement de l’aéroport Mohammed V, avec notamment le projet d’extension du Terminal 2 et la construction d’une nouvelle tour de contrôle.

Par Younès Tantaoui
Le 15/01/2018 à 14h01