Affaire CDG: Les prévenus risquent gros

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KIOSQUE 360. L'affaire CDG est à nouveau à la Une des journaux arabophones de vendredi. Les derniers développements avec notre revue de presse.

Le 16/10/2014 à 21h41

Poursuivis en état de liberté provisoire, les 23 accusés dans l’affaire CDG risquent gros. Les charges retenues vont de l’escroquerie à la dilapidation de deniers publics en passant par l’usage de faux. L’affaire promet bien des rebondissements.

Pour la deuxième journée consécutive, l’affaire de la CDG/CGI fait les choux gras de la presse quotidienne. Al Massae consacre le cœur de sa Une à l’affaire en titrant : « Surprise ! Le directeur de la CDG poursuivi en état de liberté ». Al Massae indique que le Procureur du Roi a fixé la séance d’audience des 23 prévenus au 13 novembre prochain. Le parquet a décidé de déférer les accusés devant la Chambre des crimes financiers relevant de la Cour d’appel de Fès. Cette chambre est la seule habilitée à juger ce genre d’affaires. L’audition des prévenus par le Parquet a duré jusqu’à 3 heures du matin et chaque accusé était interrogé à part.

Prévenus stressés

Al Massae rapporte que le directeur de la CDG, Anas Alami, qui a essuyé les foudres de la colère du Souverain, est apparu au tribunal troublé, sans cravate, et pas dans son assiette. Parmi les personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire figurent des dirigeants de sociétés de fourniture d’aluminium, de tuiles, de menuiserie, de bureaux d’étude et de contrôle de travaux de BTP, de construction, de consulting, des architectes et des responsables de projets au sein de la CGI. Al Massae indique que la Cour d’appel de Fès a connu une effervescence inhabituelle et a été placée sous haute surveillance. Le Procureur du Roi auprès de cette juridiction a ordonné de garder les détails de l’instruction secrets. Les auditions se sont déroulées dans la bibliothèque de la Cour. Rappelons que cette affaire a éclaté suite aux plaintes d’acheteurs qui se sont plaints auprès du Roi, en dénonçant une escroquerie à grande échelle. Les charges retenues contre les prévenus sont lourdes et concernent la dilapidation de deniers publics, l’usage de faux et l’escroquerie.

Des sociétés privées poursuiviesAkhbar Al Yaoum, de son côté, livre les détails des 10 heures d’instruction qui auraient abouti à la retenue de lourdes charges contre les prévenus. Le journal précise qu’Anas Alami et Ali Ghannam sont accusés de «détournement et dilapidation de deniers publics et de faux». Le support ajoute que cinq ex-cadres de la CGI sont poursuivis et révèle que la BNPJ n’a pas pu mettre la main sur le gérant de la société immobilière chargée de réaliser le projet Madinat Badès, qui a pris la poudre d’escampette pour aller en France quelques jours après l’éclatement de l’affaire. Un mandat d’arrêt international a été lancé à son encontre. Son frère, en sa qualité de second responsable au sein de la société, a été interrogé par la BNPJ. Des sources bien informées indiquent que les prévenus ont eu du mal à justifier le manque de contrôle et les dysfonctionnements constatés dans le projet.

Un accusé en fuite

De leur côté, les dirigeants des sociétés privées incriminées ont nié toute responsabilité dans les retards et les dysfonctionnements du projet. Le quotidien fait également état du mécontentement de la défense face à l’attitude de la BNPJ, qui a obligé les prévenus à venir à une heure très matinale au siège de la brigade à Casablanca. Les policiers ont également interdit aux suspects de téléphoner, de manger avant la fin des interrogatoires, et de parler à la presse.Al Ahdath Al Maghribia précise que 26 cadres ont été empêchés de quitter le Royaume sur instructions judiciaires. Al Ahdath dresse en exclusivité un tableau avec le nom des prévenus, en mentionnant les charges retenues contre eux. Le journal, qui semble avoir été briefé par une source proche de l’instruction, revient également sur les origines de cette affaire qui a suscité la colère du Roi. Ce dernier avait donné ses instructions pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire et pour que les acquéreurs lésés soient dédommagés. Rappelons que ces derniers se sont constitués en association et comptent poursuive la CGI en justice.Assabah, pour sa part, ajoute que les accusés ont été soulagés d’apprendre qu’ils seraient poursuivis en état de liberté. Ils avaient l’air «éreintés, stupéfaits et confus», écrit Assabah. Enfin, le quotidien Annass souligne qu’Anas Alami s’est défendu devant le Parquet composé d’Abdelaziz Bouziane, Procureur du Roi auprès de la Cour d’appel de Fès et du juge d’instruction, Mohamed Touilab, et a présenté sa version des faits, niant toute participation dans la dilapidation de deniers publics. Il a quitté la cour à 2h du matin. La défense, de son côté, a fustigé le traitement humiliant infligé aux prévenus par la police. Le secret dont est entouré l’instruction et la composition d’une commission judiciaire semble prouver que le ministère de la Justice veut un procès équitable, loin de toute chasse aux sorcières.

Par Amine Haddadi
Le 16/10/2014 à 21h41