Lors de la signature du contrat le 26 novembre à Rabat, la Banque africaine de développement a précisé que la SST Platform s’ajoute aux trois opérations déjà exécutées depuis 2018 dans le cadre de l’initiative «Room to Run». Cette initiative, considérée comme l’une des plus innovantes en matière de transfert du risque à l’échelle des banques multilatérales de développement, visait à libérer de la capacité de financement en optimisant l’utilisation des bilans. Le communiqué souligne que la nouvelle plateforme fonctionnera comme un véhicule de transfert de risque renouvelable, rotatif et évolutif.
L’objectif central est d’offrir aux institutions de financement du développement un instrument adapté pour alléger leurs exigences en capital réglementaire tout en renforçant leur résilience financière. À travers cette initiative, la BAD entend également mobiliser davantage de capitaux privés, un axe devenu prioritaire dans un contexte de raréfaction des ressources concessionnelles.
La Société Générale, désignée «partenaire de choix» dans le communiqué, interviendra dans la structuration initiale de la plateforme. Son expertise dans les opérations de transfert de risque significatif (TRS) permettra de modéliser les portefeuilles concernés, de préparer la documentation destinée aux investisseurs et de définir le cadre opérationnel avant lancement.
«La Société Générale est heureuse de mettre à profit son expertise approfondie en matière de solutions de transfert de risque», a déclaré Pascale Olivié, citée dans le communiqué. Elle insiste sur «une étape importante dans la promotion de la finance durable et l’attraction d’investissements privés pour une croissance inclusive en Afrique».
Un portefeuille diversifié pour une échelle continentale
Selon les précisions de la BAD, la phase initiale ciblera un portefeuille de référence de 2 milliards de dollars, combinant des actifs issus de la Banque africaine de développement, de la Banque de développement d’Afrique australe (DBSA) et potentiellement d’autres institutions publiques financières africaines. La diversification sectorielle, géographique et par profils de risque vise à rendre le véhicule suffisamment robuste pour attirer l’intérêt des investisseurs institutionnels internationaux.
Dans une optique de montée en puissance, la plateforme ambitionne de standardiser les méthodes d’évaluation du crédit, d’harmoniser la documentation d’émission et de mutualiser les structures de véhicules ad hoc. L’objectif, affirmé dans le communiqué, est d’accroître la participation des institutions financières de développement, africaines comme internationales.
Au-delà de l’innovation technique, l’enjeu majeur de la SST Platform est de libérer de la capacité de prêt pour financer des projets à fort impact. «La plateforme devrait servir de catalyseur pour élargir la marge de manœuvre en matière de prêts pour les projets à fort impact», souligne Max Ndiaye, directeur principal des syndications et solutions clients au sein de la BAD et de l’Africa Investment Forum. Il la qualifie de «pierre angulaire des efforts visant à mettre à l’échelle des solutions de financement stimulant la croissance durable en Afrique».
Cette orientation s’inscrit directement dans la Stratégie décennale 2024-2033 de la BAD, qui place la mobilisation du capital privé au cœur des outils de développement. Elle répond également aux «Quatre points cardinaux» définis par le président du Groupe, Sidi Ould Tah, et qui ciblent l’accélération de l’investissement privé comme moteur indispensable de transformation structurelle, précise le communiqué.
En actant cette opération lors de l’Africa Investment Forum 2025, plateforme fondée pour rapprocher projets bancables et capitaux, la BAD envoie un signal clair sur sa volonté de moderniser les instruments de financement du développement. La titrisation synthétique, longtemps cantonnée aux acteurs bancaires européens ou asiatiques, devient ainsi un outil mobilisé au service des priorités africaines.








