Les dépenses de personnel constituent une part excessivement importante des dépenses de l’Etat, réduisant par conséquent les marges de manœuvre du gouvernement pour réduire son train de vie.
L'année 2021 ne fera pas exception à la règle: un total de 140 milliards de dirhams est budgétisé pour la masse salariale de la fonction publique (en intégrant les 18,6 milliards de cotisations de l’Etat au titre de la prévoyance sociale et de la retraite), contre 136 milliards pour l’année 2020, soit une augmentation de 3,2%.
Autres données non moins édifiantes: selon le rapport sur les ressources humaines accompagnant le PLF 2021, les dépenses du personnel absorbent plus de 66% des dépenses de fonctionnement (225 milliards de dirhams prévus en 2021) qui, elles-mêmes, représentent près de 90% des dépenses ordinaires du budget général. Le ratio des dépenses de personnel rapportées au PIB ressort quant à lui à plus de 12% (cotisations comprises), soit l’un des ratios parmi les plus élevés de la région.
L’Etat va pourtant continuer à recruter l’année prochaine. 20.206 postes budgétaires sont programmés dans le PLF 2021, et viendront s’ajouter aux 580.000 fonctionnaires civiles de l’Etat (hors agents des entreprises publiques et fonctionnaires des collectivités territoriales). 8.554 postes seront créés pour le département de l’Intérieur, 5.500 pour celui de la Santé, et 1.044 pour l’Education nationale.
Il faut néanmoins ajouter à ces chiffres en trompe-l’œil les 17.000 postes qui seront créés par les Académies régionales de l’éducation et formation (AREF).
© Copyright : Le360
Le gouvernement a, en réalité, bien du mal à dégraisser le «mammouth» de la fonction publique et ses effectifs pléthoriques. C’est même le contraire qui se produit, puisque le marché du travail au Maroc s’est caractérisé, ces dernières années, par la contribution significative de l’Etat en tant qu’employeur, le plus souvent pour pallier le manque d’opportunités de travail dans le privé.
La structure des salaires par groupe d’échelle dans la fonction publique n’aide pas non plus à limiter la hausse des dépenses de personnel. Les salaires destinés aux cadres et cadres supérieurs de l’Etat absorbent en effet 67,75% de la masse salariale globale. Une situation qui s’explique par l’accélération du rythme des avancements de grade et du recrutement massif de cadres durant les dernières années.
Que faire alors? Evidemment, réformer en profondeur l’administration. Sur cette question, les intentions de Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Economie et des Finances qui, au passage, a récupéré dans son portefeuille ministériel «la Réforme de la fonction publique», sont claires. Cette réforme se basera principalement sur une refonte du système de rémunération et du système d’évaluation et de promotion. Ce qui serait déjà un bon début.