Les très confortables ratios de solvabilité affichés par les compagnies d'assurances ne reflètent pas leur situation réelle, écrit L'Economiste dans son édition du 18 avril. Jusqu'à présent, seul le risque de souscription était pris en compte. D'ici un an, promet l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), l'estimation des marges de solvabilité sera basée sur les risques. “Les premières simulations montrent que les marges se resserrent très nettement” précise d'ailleurs Hassan Boubrik, président de l'ACAPS.
Le régulateur révèle qu'un à deux opérateurs n'ont pas réussi ces tests. Au minima, ces compagnies devront augmenter leurs fonds propres et revoir leur politique d'investissement. Mais ce n'est pas pour tout de suite, puisque le chantier de mise en place de la solvabilité basée sur les risques en est encore à ses débuts.
Au-delà du risque lié à la prestation de services, les assureurs sont également de grands investisseurs et les risques qu'ils encourent sur ces opérations ne sont pas négligeables. D'où la nécessité de voir le calcul de la marge de solvabilité prendre en compte le risque de marché mais, également, les menaces éventuelles sur le plan de la liquidité et au niveau opérationnel. Pour l'instant, il y a donc zéro contrainte sur la santé des compagnies d'assurances, signale le président de l'ACAPS. Cependant, la régulation sur l'investissement devrait évoluer. L'exposition des compagnies d'assurances sur le marché des actions est jugée excessive, surtout au vu de la crise que vit la Bourse depuis quelques années.
Le poids des actions cotées dans le portefeuille des compagnies se situe entre 40 et 45%, contre un ratio deux fois moins important sur des marchés de benchmark. Aujourd'hui, la volonté est donc de pousser les compagnies à réduire la voilure sur le marché des actions. Le rééquilibrage des portefeuilles des assureurs devrait se faire graduellement pour ne pas pénaliser la place.
Globalement, la réflexion en cours, aujourd'hui, tend à rendre pratiquement libre l'investissement tout en surveillant le risque de concentration sur certains actifs. Les compagnies qui souhaitent investir sur des actifs très risqués devront mettre les fonds propres nécessaires.