Les eurodéputés, réunis en séance plénière à Strasbourg, ont validé le texte sur la régulation des émissions de CO2 des voitures et camionnettes, qui s'inscrit dans l'ambitieux plan climat de l'Union européenne, par 339 pour (249 voix contre, 24 abstentions).
Ce vote serré détermine la position des eurodéputés avant leurs négociations avec les États membres pour finaliser un compromis. Les voitures représentent au moins 12% des émissions de CO2 dans l'UE.
Le texte adopté reprend les objectifs intermédiaires proposés par Bruxelles: réduction de 15% des émissions automobiles d'ici 2025 et de 55% en 2030.
Alors que le Parlement n'avait pas réussi plus tôt mercredi à s'entendre sur une réforme du marché carbone, il a approuvé plusieurs autres textes du paquet climat, dont le relèvement des objectifs contraignants de capture de CO2 par les «puits de carbone» naturels (forêts, usage des terres...).
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L'objectif du «zéro émission» automobile a donné lieu, lui, à une âpre bataille, avec un amendement du PPE (droite pro-européenne et première force au Parlement) proposant de viser plutôt une réduction de 90% des émissions automobiles en 2035.
Cela aurait permis de poursuivre la vente de voitures hybrides et, selon le PPE, d'encourager des technologies alternatives. L'amendement a finalement été rejeté de justesse. Pour leur part les Verts, qui voulaient avancer l'interdiction des moteurs thermiques à 2030, n'ont pas non plus convaincu.
La droite, qui appelait aussi à prendre en compte le carbone émis pour la production d'une voiture, n'a pas fait passer un amendement promouvant l'usage de «carburants synthétiques» et autres biocarburants jugés moins carbonés que les fossiles.
«Nous fixons un cap clair à l'industrie en soutenant la fin des moteurs thermiques en 2035, une victoire importante et cohérente avec l'objectif de neutralité carbone pour 2050», puisqu'une voiture roule en moyenne 15 ans, s'est félicité Pascal Canfin (Renew, libéraux).
Avec treize ans pour changer l'industrie la plus pourvoyeuse d'emplois en Europe, entrer dans l'ère électrique est «une façon de protéger à la fois le climat et les emplois du secteur dans le temps», a relevé Michael Bloss (Verts).
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L'ONG Transport&Environment a vu dans la suppression progressive des moteurs à combustion «une opportunité historique de mettre fin à notre dépendance au pétrole». Et la production accrue de véhicules électriques aidera à faire baisser les prix, selon un de ses responsables, Alex Keynes.
La droite, qui a logiquement voté contre l'ensemble du texte, s'est alarmée des conséquences industrielles. «Imposer le zéro émission reviendrait à condamner tout un pan de l'activité industrielle et pénaliserait fortement les consommateurs», a estimé Agnès Evren (PPE).
Elle a fustigé un texte qui «empêchera de commercialiser des véhicules hybrides performants ou des véhicules utilisant des biocarburants», dont la production pourrait s'avérer moins chère que les véhicules électriques.
«C'est une décision contre le marché, contre l'innovation et les technologies modernes, sans admettre qu'il n'y a pas suffisamment d'infrastructures de recharge dans une grande partie de l'Europe» pour les voitures électriques, a fustigé Hildegard Müller, présidente de la puissante fédération des constructeurs allemands VDA.
Par ailleurs le texte prévoit que les véhicules de luxe (entre 1.000 et 10.000 voitures particulières immatriculées par an) bénéficient d'une dérogation leur permettant d'être équipés d'un moteur thermique jusqu'en 2036.