C’est l’arbre qui cache la forêt. Le Maroc est devenu le premier constructeur en Afrique, et le secteur automobile le premier exportateur du pays. Sauf que «la production reste modeste par rapport à celle des autres grands acteurs... Les exportations sont classées au 27e rang mondial, derrière des concurrents de l'Europe de l'Est. Les volumes à l'export ne détiennent que 0,4% du marché mondial», rapporte L’Economiste dans son édition du jour. Le journal, qui se base sur un rapport de SFI, précise que «le Maroc ne détient que de faibles parts de marché en France, en Espagne, en Italie et en Allemagne». De nombreux défis et contraintes restent à relever. A commencer par le défi de l'intégration locale en profondeur qui, comme le relève le quotidien, constitue un maillon faible. Il faut «développer l'industrie en amont, jusqu'à la matière première brute utilisée dans les différents domaines», pour attirer de nouveaux investissements, créer des emplois par milliers et intégrer les différentes régions et entreprises locales de différentes tailles.
Autre limite évoquée, le manque d'intensification des niveaux de transfert de technologies et de connaissances avec une main-d'oeuvre focalisée sur des opérations basiques d'assemblage/montage et faiblement rémunérée. «Le Maroc ne vend pas des services/prestations à forte valeur ajoutée, mais des heures consacrées à l'assemblage de composants et autres connectiques», écrit le journal. Il s’agit, aujourd’hui, de monter en puissance.
Le secteur souffre aussi du «peu de diversification sur les marchés à l'export tant pour les composants que les véhicules». «Une plus grande attention politique et une assistance technique accrue aux entreprises locales sont nécessaires pour les aider de manière proactive à accéder aux financements et à améliorer leurs normes de qualité et de compétences, afin de les intégrer plus facilement dans la chaîne d’approvisionnement automobile». Le challenge est de réussir «l'inclusion plus forte de firmes locales dans la chaîne de valeurs et dans le passage progressif à une plus grande valeur ajoutée». D’où l'intérêt de «développer la base de fournisseurs avec des entreprises locales, des PME, multiplier les joint-ventures ou encore la création d'un cercle vertueux pour soutenir l'industrie». De quoi permettre «des économies d'échelle plus importante, des synergies transversales et la réduction des risques en cas de relocalisation».
Aujourd’hui, L’Economiste recommande «la mise en place de cellules d'assistance technique afin de monter en compétences, améliorer la veille, la qualité et le standard des entreprises». Question d'intégrer les chaînes de valeur mondiales, que ce soit dans l'automobile ou l'aéronautique. Ce qui passe par la formation continue, l'amélioration des compétences, les stages, les requalifications techniques, l'accès à l'information, la souplesse et les coûts des process, l'ingénierie de pointe, la veille, la réactivité en fonction des changements de la conjoncture internationale…
Il serait également judicieux de diversifier davantage la production et les exportations, car elles restent assez orientées vers le marché européen. D’ailleurs, le secteur automobile européen a fortement baissé en 2019. «Or, le succès du Maroc dépend de la diversification de ses marchés d’exportation vers d’autres pays en développement et émergents», rappelle le journal.
Avec le grand virage de l’électrique, le quotidien estime que le Maroc devrait revoir son positionnement et abandonner progressivement la production massive (100%) de motorisations thermiques (600.000 unités entre Renault et PSA et 1 million à terme, en 2025) pour réaliser de gros volumes à l'export.