«Le programme Forsa est un programme d’accompagnement, Intelaka était un crédit d’investissement. Les garanties supplémentaires exigées par le secteur bancaire dans le cadre de ce programme entraveraient sa mise en œuvre effective auprès des toutes petites structures», constate d’office le président du Centre marocain pour la gouvernance et le management (CMGM), Youssef Guerraoui Filali.
Pour cet économiste, les TPE et les porteurs de projets ont plus de chance d’accéder à un financement et de concrétiser leurs projets dans le cadre du programme Forsa, aucune garantie n’étant demandée jusque-là.
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«La grande différence entre les deux programmes réside au niveau des garanties. Dans le cadre d’Intelaka, les banques cherchaient à avoir des garanties supplémentaires: nantissement du fonds de commerce, hypothèque des biens du projets... Ce qui constituait un obstacle pour les très petites entreprises ou les porteurs de projets qui souhaitent se lancer pour la première fois», explique-t-il.
«Le programme Forsa est plus un projet social, l’objectif, c’est d’accompagner le plus grand nombre de porteurs de projets pour qu’ils puissent créer de la valeur ajoutée et des emplois».
En effet, le dispositif de financement consiste en un prêt d'honneur d'un montant maximal de 100.000 dirhams, dont une subvention pouvant atteindre 10.000 dirhams. Pas moins de 10.000 porteurs de projets pourront ainsi bénéficier du programme Forsa, pour lequel le gouvernement va consacrer une enveloppe de 1,25 milliard de dirhams au titre de l'année 2022.
En plus du financement, le programme prévoit un dispositif d'accompagnement qui comprend une formation en e-learning pour l’ensemble des projets retenus, ainsi qu'une incubation de 2,5 mois au profit des projets les plus prometteurs, à travers la mobilisation d'incubateurs régionaux.
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Cet accompagnement devra, selon Youssef Guerraoui Filali, encourager plusieurs jeunes entrepreneurs à développer leur activité et à capitaliser sur l'expertise des incubateurs dans les différentes régions du Maroc afin d’identifier les besoins du marché et d’optimiser leur productivité.
Un effort à faire au niveau de la commande publiqueMais au-delà du financement et de l’accompagnement, d’autres obstacles entravent la mise en œuvre effective des programmes de financement et d’accompagnement et limitent les opportunités de développement des projets, à commencer par l’accès à la commande publique.
«Afin de dynamiser l’écosystème national et permettre l’émergence de nouveaux champions dans toutes les catégories, il faut revoir le décret des marchés publics, l’améliorer pour permettre d’opérationnaliser l’obtention des bons de commande et de certains marchés publics par de très petites entreprises. Aujourd’hui encore, les TPE qui représentent l’essentiel de notre tissus entrepreneurial n’accèdent pas aux commandes publiques, ce qui empêche leur émergence et leur développement», regrette le président du CMGM.
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Du côté du secteur privé, cet interlocuteur considère qu’il faut sensibiliser les différentes parties prenantes à travers la CGEM à créer des mécanismes pour permettre aux grandes entreprises de collaborer et de passer des commandes auprès des petites structures et des auto-entrepreneurs, unique voie pour diversifier la création de valeur ajoutée et des emplois à travers l’ensemble du territoire.
Pour ce qui est du contexte économique actuel, encore morose, Youssef Guerraoui Filali assure que les effets de la crise ne devraient pas constituer d’obstacles ou dissuader les jeunes à entreprendre.
«Malgré toutes les perturbations économiques au niveau international et qui touchent évidemment le Maroc, de nombreux porteurs de projets ont su faire de la crise une opportunité et atteindre un taux de croissance à deux chiffres en plein pandémie que ce soit dans le secteur alimentaire, le e-commerce, les nouvelles technologies. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est chercher des gisements de productivité et de croissance et de capitaliser sur les secteurs les plus porteurs durant cette conjoncture», conclut-il.