Tenant compte de l'évolution récente de la conjoncture économique et les projections macroéconomiques établies par la banque centrale pour les huit prochains trimestres, le Conseil a jugé que le niveau actuel du taux directeur de 2,25% "reste approprié" et a décidé de le maintenir inchangé, indique un communiqué publié ce mardi à l'issue de la 4e et dernière session trimestrielle du Conseil de Bank Al-Maghrib pour 2018.
Le Conseil a également noté qu'après une sensible accélération au cours du premier semestre, l'inflation s’est inscrite en baisse, revenant de 2,5% en juin à 1,1% en octobre, orientée essentiellement par le recul des prix des produits alimentaires à prix volatils, estimant qu'elle devrait terminer l’année sur une moyenne de 2%, après 0,7% en 2017, et revenir à 1% en 2019 et à 1,2% en 2020.
S'agissant de la composante sous-jacente de l'inflation, qui mesure la tendance fondamentale des prix, elle continuerait à évoluer à des niveaux modérés, se situant à 1,1% en moyenne cette année, à 1% en 2019 et atteignant 1,6% en 2020, ajoute la même source.
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Bank Al-Maghrib relève par ailleurs que les données publiées par le HCP pour le deuxième trimestre indiquent un niveau d’activité en deçà des prévisions, soulignant que tenant compte de ces réalisations et des indicateurs infra-annuels disponibles, la croissance devrait s’établir à 3,3% en 2018 après 4,1% en 2017.
Ainsi, la valeur ajoutée agricole progresserait de 4,6% au lieu de 15,4%, tandis que le rythme des activités non agricoles est prévu en léger accroissement de 2,7% à 3,1%, prévoit la banque centrale, estimant qu'à moyen terme, la croissance non agricole s’accélérerait à 3,4% en 2019 et à 3,7% en 2020 et la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 80 millions de quintaux, reculerait de 0,8% en 2019, puis s’accroîtrait de 3,3% en 2020.
Dans ce sens, Bank Al-Maghrib a fait savoir qu'il table sur une croissance nationale de 3,1% en 2019 et de 3,6% en 2020. Sur le marché du travail, la relative amélioration en termes de création d’emplois se poursuit, avec 122.000 postes additionnels entre T3-2018 et T3-2017, concentrés essentiellement dans les services, précise le communiqué, notant que tenant compte d’une entrée nette de 58.000 demandeurs d’emplois au cours de la même période, le taux d’activité a connu une nouvelle baisse, revenant de 45,5% à 45%.
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Dans ces conditions, le taux de chômage a diminué de 10,6% à 10% globalement et de 14,9% à 14,3% dans les villes, alors que pour les jeunes citadins de 15 à 24 ans en particulier, il est revenu de 45,2% à 44,7%.
Sur le plan des comptes extérieurs, la bonne performance des exportations s’est maintenue sur les onze premiers mois de l’année, avec une hausse de 9,7% en glissement annuel, tirée principalement par la dynamique du secteur automobile et des phosphates et dérivés, fait observer Bank Al-Maghrib, ajoutant que parallèlement, les importations se sont accrues de 8,8% en raison de l’alourdissement de la facture énergétique et de l’augmentation des achats de biens d’équipement.
Les recettes de voyages sont restées, quant à elles, quasi-stables, alors que les transferts des MRE ont accusé une baisse de 1,7%, souligne la même source, indiquant que sous l’hypothèse d’une concrétisation des entrées de dons du Conseil de coopération du Golfe (CCG), prévues à 4,8 milliards de dirhams (MMDH) en 2018 et à 2 MMDH en 2019, le déficit du compte courant ressortirait en accentuation à 4,4% du PIB au terme de cette année au lieu de 3,6% en 2017. Ce déficit s’allégerait graduellement pour se situer à 3,7% en 2019 et à 3,2% en 2020, les exportations devant poursuivre leur dynamique, portées par les ventes du secteur automobile, et le rythme des importations devant connaître une nette décélération, avec le recul prévu de la facture énergétique, prévoit la banque centrale.
Pour ce qui est des opérations financières, l’afflux des investissements directs étrangers (IDE) devrait atteindre l’équivalent de 4,1% du PIB cette année et de 3,4% du PIB au cours des deux prochaines années. Tenant compte des sorties prévues du Trésor à l’international, le montant des réserves internationales nettes passerait de 240,9 MMDH à fin 2017 à 230,4 MMDH à la fin de cette année, à 239 MMDH au terme de 2019 puis à 235,7 MMDH à fin 2020, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib qui font également ressortir que ce montant continuerait ainsi d’assurer l’équivalent d’un peu plus de 5 mois d’importations de biens et services.
S’agissant des conditions monétaires, le taux de change effectif réel devrait rester quasi-stable sur l’ensemble de l’année et s'apprécier de 1,6% en 2019 avant de se déprécier de 0,8% en 2020. Les taux débiteurs sont, de leur côté, restés globalement stables au troisième trimestre à 5,35%, avec un repli de 30 points de base par rapport au trimestre précédent pour ceux assortissant les prêts aux particuliers et une hausse de 6 points pour ceux aux entreprises, tandis que le crédit bancaire au secteur non financier a vu son rythme de progression ralentir à 2,2% à fin octobre, avec une nette décélération des prêts aux entreprises aussi bien privées que publiques.
Ainsi, la croissance du crédit bancaire a été revue à la baisse à 3,5% en 2018 et à 3,3% en 2019, avant de s’accélérer à 4,3% en 2020, fait savoir Bank Al-Maghrib. Au volet des finances publiques, la banque centrale précise que l’exécution budgétaire à fin octobre s’est soldée par un déficit de 34,5 MMDH, en creusement de 4,1 MMDH par rapport à la même période de 2017, relevant que les ressources ordinaires ont progressé de 1,7%, recouvrant une amélioration des recettes fiscales et un recul des dons. En parallèle, les dépenses globales ont augmenté de 2,4%, avec notamment un alourdissement de la charge de compensation et une hausse des dépenses au titre des autres biens et services.
Dans ces conditions, et sous l’hypothèse de la matérialisation des entrées prévues de dons des pays du CCG, la prévision de Bank Al-Maghrib pour le déficit budgétaire au titre de 2018 a été maintenue à 3,7% du PIB, indique le communiqué, ajoutant que ce déficit continuerait d’évoluer autour de ce niveau à moyen terme, se situant à 3,8% en 2019 et à 3,6% en 2020.