«Face à la pression accrue des changements climatiques et de la croissance démographique sur les ressources hydriques et foncières du pays, le prêt alloué au Projet pour une gestion de l’eau résiliente et durable dans l’agriculture (RESWAG) entend renforcer la gouvernance des ressources hydriques dans le secteur agricole, améliorer la qualité des services d’irrigation et élargir l’accès des agriculteurs à des conseils techniques dans ce domaine», indique l’institution financière dans un communiqué publié à Washington.
Selon le directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, Jesko Hentschel, «l’agroalimentaire est un moteur crucial pour le développement économique et social de la population marocaine».
Jesko Hentschel a rappelé à cet égard que ce secteur représente 21% du PIB et près de 39% de l’emploi, et ces taux sont encore plus élevés en milieu rural. «L’agriculture figure au cœur des ambitions économiques et sociales du Maroc, et ce financement de projet vient soutenir ce secteur vital, en s’inscrivant dans le droit fil de la stratégie Génération Green, du Plan national de l’eau et du Nouveau modèle de développement poursuivis par le pays», a-t-il ajouté.
D’après la Banque mondiale, le nouveau projet constitue un programme «innovant et inédit, en ce qu’il allie investissements structurels, avec la modernisation des services d’irrigation et de drainage, et investissements immatériels destinés à renforcer la gouvernance des ressources hydriques et à apporter des services de conseil agricole aux cultivateurs».
Lire aussi : Sécheresse: un projet important d'irrigation est en cours d'approbation par la Banque mondiale
Il s'articule autour de trois volets. Le premier entend améliorer le cadre de gouvernance de l’eau et garantir des prélèvements durables dans le secteur agricole.
«La première composante du projet RESWAG vise à compléter les investissements de longue date du Maroc dans la gouvernance de l’eau. Elle revêt trois axes stratégiques prioritaires en matière de conservation de l’eau: l’assouplissement du processus d’allocation des ressources hydriques, l’optimisation de la gestion des aquifères et une meilleure connaissance des effets des programmes d'amélioration de la productivité de l’eau, afin d’affiner et réajuster les politiques dans un souci de prise en compte des enjeux climatiques», a expliqué Rémi Trier, spécialiste senior de la gestion des ressources en eau et coresponsable du projet.
Le deuxième volet vise, indique-t-on, à fournir des services d’irrigation et de drainage climato-intelligents à travers le déploiement de techniques de conservation de l’eau sur de nouvelles surfaces.
Cette approche favorisera la résilience aux sécheresses, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le stockage de carbone dans les sols. Elle implique de moderniser les équipements hydrauliques (réseaux d’irrigation, canaux…) et de donner aux gestionnaires publics chargés de l’irrigation les moyens d’optimiser les services d’irrigation et de drainage. Les bénéficiaires seront les petits exploitants agricoles des grands systèmes d’irrigation à gestion collective, l’objectif étant de toucher quelque 16 000 agriculteurs répartis sur plus de 50 000 hectares, à Souss-Massa et Tadla, deux des bassins versants les plus importants du pays pour l’agroéconomie.
Lire aussi : Aziz Akhannouch s'entretient avec le président du Groupe de la Banque mondiale
Le troisième volet prévoit d'apporter à 23 500 agriculteurs des services de conseil visant à optimiser les investissements, à renforcer la résilience climatique et à intensifier la productivité de l’eau.
«Le projet prévoit d’appuyer l’agence nationale chargée des services de conseil agricole afin d’élargir l’accès des agriculteurs à des services de conseil adaptés aux enjeux climatiques. Il s'agit d’accroître la portée et la qualité de ces services dans les zones irriguées, notamment grâce à la formation de conseillers publics et l’embauche de consultants, qui faciliteront la transition des agriculteurs vers techniques d’irrigation modernes», a précisé Safaa Bahije, spécialiste des ressources en eau et coresponsable du projet.
Selon le communiqué, le projet accordera également une attention particulière aux femmes et aux jeunes agriculteurs, afin de «soutenir pleinement la stratégie Génération Green portée par les autorités». Une composante d’intervention d'urgence conditionnelle (CERC) donne en outre au gouvernement la possibilité de demander une réallocation rapide des fonds du projet afin de répondre efficacement et dans les meilleurs délais à toute urgence ou crise éligibles, a précisé l’institution financière internationale.