La finance islamique, via des banques dites participatives, arrive. Mais elle prend tout son temps. En attendant, certains se positionnent. Et on ne parle pas de banques qui peaufinent leur dossier pour décrocher une licence de banque halal, mais d’établissements de formation qui promettent de former les futurs banquiers de ces établissements financiers conformes à la Chariâa, à l’instar de l’université Paris Dauphine qui délocalise son master à Casablanca en partenariat avec le cabinet d’audit et de conseil Fidaroc Grant Thornton. Le lancement de ce nouveau cursus universitaire a été l’occasion de faire le point sur l’état d’avancement de ce chantier dans le marché financier marocain.
L’Economiste, dans son édition du 12 octobre, rend compte de la conférence de lancement de ce master qui a eu le mérite de réunir les principaux responsables de ce chantier. On apprend ainsi que, si la loi bancaire a bel et bien été amendée pour permettre l’arrivée sur le marché des produits de la finance participative, son exécution est une autre paire de manche. «Le marché (est) en attente de la clarification fiscale» titre d’ailleurs le quotidien qui explique que «la tâche est loin d’être facile du côté des instances régulatrices». Lhassane Benhalima, directeur de la supervision bancaire à la banque centrale, cité par le quotidien, ironise en soutenant que «la patience est l’une des vertus de Bank Al-Maghrib», admettant au passage que «la fiscalisation et la labellisation des produits» nécessite le maximum de prudence de la part de la gardienne du temple.
Selon le quotidien, pour l’heure, seul le Conseil supérieur des Ouléma (comité chargé d’établir les conditions de validité des transactions au regard de la Chariâa) est en place. «Les dossiers ont été adressés aux différentes institutions bancaires intéressés avec un retour exigé le 16 novembre». Au mieux donc, les agréments des banques participatives ne seraient accordés que début 2016. Après, il y aura toute la phase de développement de produits pour enfin capter une partie des 2.000 milliards de dollars (20 fois le PIB du Maroc) que représente le secteur de la finance islamique qui connaît une croissance annuelle euphorique: 17% en moyenne entre 2007 et 2014…