La course à la banque islamique est bien lancée. Ce sont pas moins de dix-sept établissements financiers qui viennent de déposer leur demande d’agrément de banque participative. Parmi eux, cinq banques marocaines sont dans la course. Dans son édition du jour “L’Economiste” rapporte que le Maroc devrait théoriquement délivrer les premières licences durant le premier semestre 2016.
Concrètement les premières institutions islamiques devraient accueillir leurs premiers clients vers avril 2016, au plus tard. L’introduction de la finance participative a accusé plusieurs mois de retard car «les autorités ont voulu développer un modèle spécifique au Maroc», souligne Taib Aisse, consultant et expert en finance participative cité par “L’Economiste”.
Il a fallu en effet préparer les conditions propices pour créer des synergies avec la finance conventionnelle existante. D’ailleurs, «le modèle développé a respecté ces conditions puisqu’il présente la finance participative comme un complément de la finance conventionnelle et un moteur de bancarisation additionnelle de l’économie nationale». L’objectif était de «développer le secteur de telle sorte qu’il réponde aux préoccupations des consommateurs par rapport à l’authenticité de l’approche islamique tout en limitant sa complexité».
Décrets religieuxPar ailleurs, un Conseil suprême d’érudits (Charia board) a été mis en place au Maroc et demeure la seule instance habilitée à émettre des décrets religieux sur les produits financiers. Ce qui n’empêche pas chaque banque islamique d’avoir son propre Comité qui devra rendre compte de ses activités chaque année.
Pour l’universitaire Abderrahmane Lahlou, cité par le quotidien, «les autorités monétaires, appuyées par des membres du gouvernement, avaient toujours perçu la finance islamique comme un cheval de Troie des islamistes, pour pénétrer le système économique et financier, voire renforcer leur crédibilité».Sauf que cet argumentaire est devenu obsolète avec la pacification des relations, d’autant plus que la demande est là. Aujourd’hui, «79% des Marocains souhaitent avoir recours aux produits financiers islamiques». Côté professionnels et entreprises, la même enquête précise que 72% des interviewés affirment vouloir recourir aux produits de financements islamiques.