Les moteurs de l'investissement public seront allumés encore une autre fois alors que ceux de la croissance économique sont éteints, annonce l'Economiste dans son édition du 1er novembre. En 2017, les ressources financières mobilisées s'élèveront à 190 milliards, soit 23 milliards de plus qu'en 2011. Paradoxalement, durant cette période, la croissance a ralenti. Elle est passée de 5% en 2011 à 2,4% en 2012, puis 4,6% en 2013, 2,5% en 2014, 4,3% en 2015, 1,5% en 2016, mais pourrait remonter à 3,5% en 2017. De véritables montagnes russes!
Le poids du secteur primaire et sa dépendance de la pluviométrie conditionnent fortement la croissance économique. De ce fait, l'impact de l'investissement public doit être analysé sous cet angle et en tenant compte des limites propres en valeur et en qualité, analyse Aziz Jaid, économiste à la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique.
L'investissement public, qu'il soit dirigé vers des opérations rapides -électrification des zones rurales, programmes de soutien aux TPME-, ou qu'il soit destiné à des projets de plus grande envergure, comme des projets d'infrastructure, n'aura pas le même effet sur la croissance à court, moyen ou long terme.
Le HCP a quant à lui mis l'accent sur la divergence entre le rythme de l'investissement et de la croissance, caractérisée par une évolution marquée par des variations cycliques au gré de la production agricole.
Le faible rendement de l'investissement rendrait insoutenable l'effort de financement consenti. “Le pays n'est pas en mesure de continuer à accumuler le capital sans une amélioration significative de sa productivité et par conséquent de l'épargne nationale susceptible de répondre aux besoins de financement de l'économie”, note le HCP. D'ailleurs, les investissements sont canalisés vers des secteurs peu productifs de valeur ajoutée. L'agriculture et l'industrie ont été négligées au profit des services, par exemple.
Pour remédier au problème, la loi de finances 2017 prévoit de nouvelles règles du jeu, notamment la mise en place de nouveaux critères de sélection et de suivi liés à la nécessité de disposer d'études préalables, ainsi qu'une concordance avec les stratégies sectorielles. Dans cette logique, une banque intégrée de projets d'investissements sera mise en place.