Dans un entretien accordé au journal Al Massae dans son édition de ce lundi 26 janvier, le président du Conseil de la Concurrence, Abdelali Benamour, relève que les expériences internationales se sont orientées vers la suppression de la Caisse de compensation tout en octroyant des chèques sociaux aux catégories les plus démunies.
Au Maroc, 20% des ménages les plus aisés perçoivent 80% des subventions dues au titre de compensation, tandis que les 20% les plus démunis ne bénéficient que d’un taux infime, a-t-il fait remarquer, ajoutant que le Conseil de la concurrence a réalisé une étude sur la compensation qui a recommandé «la suppression de la Caisse de compensation du fait qu’elle ne permet pas une vision claire sur l’économie nationale et, partant, crée une rente chez les intermédiaires». Selon Benamour, ce système des subventions profite aux entreprises qui détournent les produits subventionnés (farine, sucre, gaz butane…) destinés à l’usage domestique vers un usage industriel.
Le chèque social, une solution
Comment le président du Conseil de la Concurrence voit-il la réforme de la Caisse de compensation ? Pour lui, il s’agit de suivre l’expérience du Brésil qui accorde des chèques sociaux aux ménages pour les aider à se procurer les produits de première nécessité. «J’appelle à suivre une logique économique parallèlement à une logique sociale basée sur l’aide aux couches sociales les plus vulnérables». Depuis l’avènement du gouvernement Benkirane, cette question est évoquée, mais le débat prend souvent une tournure politique, a-t-il regretté, estimant que le Maroc n’est pas un pays «riche» et «ne peut en aucun cas subventionner les produits alimentaires» et dispenser un enseignement «gratuit» jusqu’à un niveau supérieur. «Nous n’avons pas des ressources énergétiques pour subvenir à ces besoins», a-t-il dit.
Interrogé sur la méthodologie à adopter pour établir une liste des pauvres devant bénéficier des chèques sociaux, Benamour a répondu : «Il faut que la réforme touche tous les aspects. Il s’agit d’une opération intégrée, le but étant de cumuler entre le volet économique et l’aide aux pauvres de façon à leur montrer que le pays leur octroie la possibilité de progresser dans le cadre du principe de l’égalité des chances».
A une question sur les lobbies qui influent sur la prise de décision, il a souligné que ces groupes de pression sont partout. «Il existe de grands lobbies et des lobbies moyens ainsi que des lobbies politiques, économiques et sociaux», notant que le Maroc a réalisé de nombreux acquis aux niveaux économique et social, mais en même temps l’économie de la rente reste enracinée dans la société, d’où la nécessité de la combattre pour continuer sur cette la voie de cette «douce révolution économique».