"M. Ghosn a demandé à assister au conseil mais le tribunal ne lui en a pas accordé l'autorisation", a annoncé le tribunal de Tokyo dans un bref communiqué, sans donner de détails. Dans un avis écrit transmis au parquet, Nissan s'est opposé à la présence de son ex-PDG, a expliqué à la presse le principal avocat du magnat déchu, Junichiro Hironaka. "Nous ne nous attendions pas à une opposition aussi forte", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il étudiait la possibilité de contester cette décision.
Elle n'apparaît pas surprenante étant donné que M. Ghosn a interdiction de rencontrer les protagonistes de l'affaire, au premier rang desquels les responsables de Nissan, à l'origine de l'enquête qui a provoqué sa chute et entraîné son incarcération pendant plus de 100 jours.
Le dirigeant avait été révoqué en novembre de la présidence du constructeur, quelques jours après son arrestation le 19 novembre à Tokyo, à la sortie de son jet privé, mais il reste administrateur tant que l'assemblée générale des actionnaires n'a pas voté sa destitution.
Elle se tiendra le 8 avril à cette fin, ainsi que pour désigner au siège d'administrateur laissé vacant le nouveau président de Renault, Jean-Dominique Senard.
Le conseil d'administration de Nissan, qui se réunit mardi après-midi au siège de Yokohama, dans la banlieue de Tokyo, doit se pencher sur l'avenir de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.
A son issue, l'ensemble des dirigeants des trois constructeurs s'exprimeront, affichant leur union après les tensions provoquées par l'arrestation de celui qui a bâti en deux décennies le premier partenariat automobile mondial.
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M. Senard, déjà venu mi-février au Japon pour retisser les liens, sera accompagné du directeur général de Renault, Thierry Bolloré, ainsi que du patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, et du PDG de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko.
L'ordre du jour n'est pas spécifié, mais une nouvelle structure de gouvernance devrait être annoncée à cette occasion, a indiqué à l'AFP une source proche de l'alliance.
La société néerlandaise Renault-Nissan BV (RNBV), formée en 2002 pour symboliser l'ensemble automobile franco-japonais né en 1999, va être remplacée par un nouveau comité tripartite incluant Mitsubishi Motors, qui pourrait siéger alternativement en France et au Japon, selon cette source. L'objectif est de tourner la page de l'ère Ghosn, dont la toute-puissance a été dénoncée avec virulence par Nissan.
Le capitaine d'industrie de 65 ans, qui se dit innocent et fustige un "complot" ourdi par le constructeur japonais, a perdu tous ses titres et prépare activement sa défense depuis sa résidence surveillée de la capitale japonaise, où il est traqué par les médias.
Me Hironaka a prévu de discuter mardi avec son client de la tenue d'une éventuelle conférence de presse. "M. Ghosn veut l'organiser au meilleur moment, quand il sera au meilleur de sa forme", a précisé l'avocat.
Libéré le 6 mars sous caution, Carlos Ghosn a été inculpé pour minoration d'une partie de ses revenus pour un montant de 9,23 milliards de yens (74 millions d'euros) entre 2010 et 2018, dans les rapports de Nissan remis aux autorités boursières. Il a également été inculpé pour abus de confiance.
Dans l'attente de son procès, qui n'interviendra pas avant plusieurs mois, il a interdiction de quitter, même brièvement, le Japon. Il n'a pas le droit d'accéder à internet, ses allées et venues ainsi que celles de ses visiteurs sont filmées et les images régulièrement remises au tribunal. Le parquet a cependant jugé vendredi que ces "conditions de libération sous caution n'étaient pas efficaces pour empêcher une altération de preuves compromettantes".