L’annonce de l’attribution du marché de la trémie Almohades a fait grand bruit ces derniers jours. Bien avant l’ouverture des plis, des entreprises marocaines s’étaient plaintes des «avantages» accordés aux entreprises turques dans le cadre des marchés à grand budget.
Aujourd’hui, le procès-verbal de la commission en charge d’étudier les appels d’offres au sein de Casa Aménagement, que Le360 a consulté, permet de se faire une première idée sur la manière dont Makyol est parvenu à remporter ce juteux marché.
Au départ, l’entreprise turque était initialement en concurrence avec quatre entreprises et deux groupements, les Marocains Bioui Travaux, société Houar et SGTM. L’autre entreprise marocaine ayant déposé un pli pour cet appel d’offres est TGCC en groupement avec Rec&Ballast. Les deux autres concurrents de Makyol étaient le groupement Copisa et Copisa Maroc, une entreprise espagnole et sa filiale marocaine, ainsi que la société Yapi Merkezi, également originaire de Turquie et qui réalise actuellement les travaux de la deuxième ligne du tramway.
Tous les candidats ont été déclarés admissibles sans réserve, mais seuls les Turcs Makyol et Yapi Merkezi ont été retenus à l’issue de l’examen de l’offre technique. Cet examen consiste à s’assurer que le candidat dispose des références et des moyens nécessaires pour réaliser le projet dans les meilleures conditions.
C’est donc à ce moment-là que la commission a jugé que seules les deux entreprises turques pourraient assurer la construction de la trémie comme le souhaitait Casa-Aménagement.
La différence entre les deux concurrents s’est finalement jouée sur le prix et sur le mode de règlement proposé. Au moment où Yapi Merkesi proposait 48,5 millions d’euros, Makyol présentait une offre de 415 millions de DH et 8,2 millions d’euros. Une prestation moins chère de près de 30 millions de DH chez Makyol et qui a l'avantage de procurer une réduction du risque de change auquel pourrait être exposé le maître d’ouvrage en cas de paiement de la totalité du montant en devises. Mais cela suffit-il à calmer les entreprises marocaines dont certaines n'hésitent pas à parler d'appel d'offres "conçu" spécialement pour les Turcs? Pas sûr.