Pour la CGI, mais surtout pour ses créanciers et ses actionnaires, l’année 2014 est celle des cauchemars. Alors que le groupe immobilier essaie de sortir du scandale dans lequel trempent ses dirigeants, le dernier conseil d’administration vient de constater une chute vertigineuse de ses réalisations en 2014. Un milliard de dirhams s’est envolé dans ses performances commerciales par rapport à l’année dernière, et près de deux milliards par rapport aux prévisions publiées en juin. En effet, le chiffre d’affaires 2014 devrait chuter de 28% par rapport à 2013, pour s’établir à 2,7 milliards de dirhams contre 3,7 milliards. Evidemment, la capacité bénéficiaire a fondu comme neige au soleil. Avec 178 millions de dirhams, la CGI cumulera à peine la moitié des 366 millions de bénéfice consolidé qu’elle avait réalisés en 2013.
Il est très surprenant de voir la CGI enregistrer un résultat similaire. Fin juin dernier, la direction générale de la CGI affirmait dans la note d’information accompagnant son emprunt obligataire qu’elle allait réaliser un chiffre d’affaires de 4,5 milliards de dirhams. Cinq mois plus tard, la société revient pour affirmer que son chiffre d’affaires n’atteindra même pas 2,7 milliards. "De mémoire d’analyste, on n’a jamais vu un tel écart", affirme un expert d’une banque d’affaires de la place. "Quand nous avons vu les nouvelles prévisions, nous n’en revenions pas". Pour rappel, la CGI devra faire l'objet d'une Offre publique de retrait de la Bourse de Casablanca dont les détails ne devraient pas tarder à être rendus publics.
Le même business plan prévoyait également un résultat consolidé de 548 millions de dirhams, ce qui représente plus de trois fois la réalisation.Les promesses n’engagent que ceux qui y croientLa question qui se pose est de savoir "comment, en l’espace de cinq mois seulement, les dirigeants de la CGI peuvent-ils se tromper de la sorte", s’interroge le même analyste. Car, "l’écart est bien de 40% par rapport au chiffre d’affaires et de 67% par rapport au résultat net prévu dans la note d’information accompagnant cet emprunt obligataire du 23 juin 2014", souligne-t-il.Les explications fournies par la CGI sont-elles convaincantes ? Chacun l’appréciera à sa juste valeur. La direction explique que "certains projets plus lents que prévu n’ont pas été livrés à temps". C’est, dit-on, "un mauvais quatrième trimestre" qui serait à l’origine d’une telle déception. De même, il y a eu un report de chiffre d’affaires non seulement sur l’année 2015, mais aussi sur les années suivantes. Pas très rassurant tout ça, surtout si l’on sait qu’en 2015, la CGI prévoyait de réaliser un chiffre d’affaires de 6,05 milliards de dirhams.La réalité c’est que les chiffres étaient trop optimistes. En effet, au premier semestre la CGI n’avait réalisé qu’un chiffre d’affaires de 1,7 milliards de dirhams. Comment a-t-elle pu prévoir près de 3 milliards de dirhams de ventes sur les six mois restants de l’année ? Et surtout, comment a-t-il fallu attendre le conseil d'administration de décembre pour avertir les créanciers et les actionnaires de la CGI? N'est ce pas une obligation légale de publier un profit-warning dès que la direction se rend compte qu'elle ne pourra pas assurer les livraisons qui lui auraient permis de réaliser son chiffre d'affaires? Voila autant de questions dont il est difficile de trouver des réponses. Mais, les promesses n’engagent finalement que ceux qui y croient.