Commerce ambulant, le maillon faible de l’intégration économique

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Revue de presseFace à la flambée du commerce ambulant, les pouvoirs publics peinent à trouver une formule efficace pour intégrer cette activité dans l’économie formelle. Entre initiatives locales, obstacles structurels et nécessité d’une approche territorialisée, le dossier reste ouvert et complexe. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Économiste.

Le 12/05/2025 à 20h45

Interpellé récemment à ce sujet par la députée Aziza Boujrida (groupe du Mouvement populaire), le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a rappelé l’importance du secteur du commerce et de la distribution, qui représente 15,6% de la population active au Maroc, soit environ 1,6 million de personnes. Ce secteur génère également une valeur ajoutée estimée à 151 milliards de dirhams. Toutefois, en dépit de son poids économique, il demeure fragilisé par des dysfonctionnements profonds, dont l’expansion du commerce ambulant illustre les limites, indique L’Économiste dans son édition du 13 mai.

Si ce type d’activité engendre des désordres en milieu urbain, il n’en constitue pas moins une réalité économique et sociale incontournable. Le commerce ambulant répond à une demande de proximité, particulièrement dans les zones mal desservies par les circuits classiques de distribution. Il représente également une bouée de sauvetage pour de nombreux citoyens, notamment des jeunes sans qualification, qui trouvent là une source de revenus minimale.

Conscients de cet enjeu, les pouvoirs publics ont multiplié les initiatives pour intégrer cette économie parallèle au tissu formel. L’une des principales mesures prises est le programme national de réorganisation des marchands ambulants, mené dans le cadre de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH). À ce jour, plus de 86.000 bénéficiaires ont été accompagnés, sur un total de 124.000 vendeurs recensés, lit-on.

Mais sur le terrain, les résultats restent en demi-teinte. Les évaluations conjointes du ministère de l’Intérieur et du Conseil économique, social et environnemental (CESE) révèlent plusieurs freins: rareté du foncier, faible adhésion des bénéficiaires, et surtout une augmentation du nombre de marchands au-delà des chiffres initialement recensés. Ces contraintes structurelles ont largement entamé l’efficacité des dispositifs mis en place.

«Face à cette situation, il devient urgent de repenser l’approche actuelle», relève L’Économiste. Les collectivités territoriales et les conseils élus doivent jouer un rôle moteur dans l’analyse des résultats des programmes passés, en menant des diagnostics approfondis du commerce ambulant et de ses circuits d’approvisionnement. L’objectif: identifier les véritables blocages et proposer des solutions adaptées aux réalités économiques et sociales locales.

Dans cette optique, le gouvernement mise également sur le renforcement de l’inclusion économique via le statut d’auto-entrepreneur. Ce dispositif, qui offre des avantages fiscaux et un accès à la protection sociale, vise à inciter les travailleurs informels à basculer vers l’économie formelle. Mais, là encore, son adoption reste limitée parmi les marchands ambulants, souvent découragés par la complexité administrative ou la précarité de leur situation. Force est de constater que les tentatives passées, comme l’attribution de locaux commerciaux aux normes, se sont souvent heurtées à la réalité du terrain: de nombreux bénéficiaires finissent par abandonner les structures mises à leur disposition pour retourner dans la rue.

Par Lamia Elouali
Le 12/05/2025 à 20h45