Auditionnée par les membres de cette mission parlementaire, une responsable au ministère de la Santé a laissé entendre qu’une étude technique aurait révélé de nombreuses insuffisances dans l’utilisation du respirateur artificiel à 100% marocain.
La responsable a informé la mission que le comité scientifique chargé de ce dossier a refusé de délivrer son autorisation, en l’absence de conditions basiques, notamment les essais cliniques. «Le produit a été testé sur une seule brebis seulement, le ministère de la Santé ne pouvait en aucun cas mettre en danger la santé des citoyens», a ajouté la même source.
Lire aussi : Info360. Affaire du respirateur à 100% marocain: le ministère de la Santé sort de son silence et s’explique
Le projet du respirateur Made In Morocco, qui a nourri beaucoup d’espoirs chez les Marocains, est resté suspendu et n’a pu donc recevoir l’aval de la direction des médicaments au ministère.
La mission parlementaire n’a pas manqué de pointer l’absence de coordination entre les deux ministères de la Santé et de l’Industrie, semant une confusion totale dans l’opinion publique.
Le rapport s’interroge sur l’attitude du ministère de la Santé qui, d’un côté, a refusé de délivrer son autorisation et, de l’autre, a passé une commande de 500 respirateurs auprès du collectif initiateur du projet!
Les parlementaires estiment qu’il aurait été plus approprié que les deux ministères concluent un accord de partenariat en vue d’accompagner l’industrialisation du produit et de faciliter les procédures requises (autorisations, homologations, etc). Le rapport se demande si le ministère de la Santé dispose des capacités nécessaires pour étudier et statuer sur la mise en conformité de ce produit avant de donner l'autorisation de sa mise sur le marché.
Dans un précédent article, publié le samedi 22 août 2020, sur la base de témoignages recueillis auprès des différentes parties prenantes, Le360 avait pointé du doigt les nombreuses complications administratives à l’origine du retard de livraison d’un premier lot de respirateurs, commandés par le ministère de la Santé, fabriqués par le consortium SERMP-Aviarail. Ces deux opérateurs constituent le noyau dur du collectif fédéré autour de ce projet, composé d’une quinzaine d’entreprises opérant dans les secteurs de l’ingénierie, de l’aéronautique, de l’automobile et de l’électronique.
La chronologie des faits, révélés par notre article, ont montré l'immense labyrinthe bureaucratique des services du ministère de la Santé auquel les promoteurs du projet ont été confrontés. Alors même que le Maroc connaît une sévère remontée des cas de Covid-19, les professionnels de la santé n’excluaient pas une saturation des unités de réanimation et de soins intensifs, accompagnée d’une pénurie d’équipements médicaux, dont des respirateurs.